Même en deça des seuils officiels, la pollution automobile augmente le risque de cancer des poumons et d’insuffisance cardiaque
Les résultats de l’étude ESCAPE, menée dans 9 pays Européens et destinée à évaluer les répercutions de la pollution de l’air aux microparticules sur la santé humaine, démontrent que, même en deçà des normes Européennes, cette pollution atmosphérique liée à la pollution automobile (diesel), au chauffage au fuel comme à d’autres industries, multiplie le risque de cancer des poumons mais aussi le risque de mourir ou d’être hospitalisé pour une insuffisance cardiaque. Ces deux risque accrus de mortalité précoce, causés par la pollution atmosphérique sont détaillés dans deux articles publiée dans les revues anglaises The Lancet Oncology et The Lancet.
Vous vivez en ville où à proximité d’une route ? Même si vous ne fumez pas, votre risque de cancer du poumon explose : une hausse de la pollution aux particules fines (< à 2,5 µm de diamètre; PM2,5) de 5 µg/m3 augmente ainsi le risque de cancer du poumon de 18 %, tandis qu’une hausse des plus grosses particules (< à 10 µm de diamètre ; PM10) de 10 µg/m3 augmente ce risque de 22 %. Pour chaque 4000 voitures supplémentaires passant sur une route dans les 100 mètres autour de votre domicile, votre risque de cancer du poumon augmente de 9%!
Ces résultats sont la conclusion effrayante d’une analyse de 17 études européennes menées auprès de 312 944 personnes, par le Dr Ole Raaschou-Nielsen et son équipe. Au cours d’une durée de suivi de presque 13 ans, 2095 participants à ces études ont souffert d’un cancer des poumons et la plupart en sont morts. Ces morts étaient d’autant plus nombreux que la pollution aux particules PM10 et PM2,5 étaient plus élevée et cela y compris en deça des normes européennes censées “protéger” la santé humaine: “il n’y a aucun seuil en dessous duquel il n’y a pas de risque” (d’augmentation de cancer des poumon) écrivent même les scientifiques pour plus de clarté.
Actuellement en France comme dans les pays de l’Union européenne, les seuils de tolérance sont fixés à 25 µg/m3 pour les PM2,5 et à 40 µg/m3 pour les PM10 et. Si ces seuils sont déjà plus de deux fois supérieurs aux recommandations de L’OMS pour les PM2,5 et 4 fois supérieurs pour les PM2,5, ils ne sont en général pas respectés dans notre pays où la pollution s’envole sans aucune restriction. Si nous cherchions une explication à l’explosion des causes de cancer, en voici une clairement identifiée pour laquelle notre santé publique est totalement inexistante.
La pollution automobile est responsable de bien d’autres maux; fausses couches, malformations, pathologies pulmonaires, asthme infantile, ou encore pathologies cardiaques pour ne citer que les plus fréquentes. La seconde étude publiée dans la revue The Lancet a évalué le risque de souffrir d’une insuffisance cardiaque, une pathologie de plus en plus fréquente, dont l’accroissement exponentiel était simplement expliqué par le vieillissement de la population. Et bien, pour cette pathologie invalidante et rapidement mortelle, la pollution automobile est là aussi en cause.
En effet, des scientifiques ayant analysé 35 études cliniques évaluant l’impact des particules PM2,5 et PM10, comme de quatre gaz rejetés par les automobiles, monoxyde de carbone, dioxyde d’azote, dioxyde de soufre et ozone mettent en évidence que très rapidement, pour une exposition courte, ils augmentent le nombre de morts par insuffisance cardiaque comme le risque d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque (sauf l’ozone). Et justement ces hospitalisations pour insuffisance cardiaque sont aujourd’hui la première cause d’hospitalisation en France comme en Europe et contribuent à plus de 10% des dépenses hospitalières nationales annuelles.
Une action de santé publique auraient pourtant des bénéfices rapides estiment encore les auteurs : une simple baisse de 4 µg/m3 des PM 2,5 éviteraient 8000 hospitalisations pour insuffisance cardiaque (calcul mené sur des données US) et 330 millions de dollars de dépenses de santé. Et cela alors que ces particules accroissent le risque d’hospitalisation ou de décès par insuffisance cardiaque de 2,12% pour chaque augmentation de 10 μg/m3.
Votre voiture est donc plus à risque que vos médicaments pourtant décriés à longueur de journée, sans compter qu’elle ne soigne personne mais rajoute 4000 morts par an sur les routes.