Sophrologie et champs d'application en santé
Qu'il s'agisse des maux du corps ou de l'esprit, la sophrologie a tout à offrir lorsqu'il est question d'apaiser et de soulager. Accoucher sans péridurale, apprendre à gérer la douleur, bien se préparer à une intervention chirurgicale, s'en remettre plus rapidement… Découvrez les champs d'application de la sophrologie dans le domaine de la santé.
"En psychiatrie et en psychologie, son application donne d'excellents résultats notamment pour les cas d'anxiété (panique, phobie, anxiété généralisée), de dépression, les affections d'origine psychosomatiques (douleurs sans cause médicale apparente), et les troubles du sommeil", selon Sofrocay ®, l'Académie Internationale de Sophrologie Caycédienne. Et dans le cas de maladies chroniques, la méthode Caycedo peut non seulement aider à soulager le patient mais elle constitue souvent un soutien précieux pour les proches et les aidants.
La sophrologie et les soins infirmiers
Dans le domaine des soins infirmiers, "les techniques sophrologiques sont dirigées par des professionnels de la santé (médecins, psychologues, kinésithérapeutes, infirmières, chirurgiens-dentistes…) afin de garantir un diagnostic correct et une thérapie adéquate", peut-on lire sur le site de Sofrocay ®. Elles peuvent être appliquées seules ou de façon complémentaire à d'autres types de thérapie, mais ne sauraient se substituer à un avis médical dans le cas des maladies les plus graves nécessitant un traitement médicamenteux ou chirurgical.
Evelyne Stomboli est soignante à la polyclinique de Poitiers et sophrologue. Suite à un cancer du sein, elle a décidé de "redonner ce qu'elle avait reçu"avec la sophrologie : "J'ai eu mon adénocarcinome après avoir perdu ma mère dans un accident de voiture. J'ai fait un "cancer de stress". Mon fils aîné passait sa thèse et mon plus petit était encore jeune, donc je m'interdisais de pleurer devant eux. Quand une amie m'a parlé de sophrologie caycédienne, je me suis dit "pourquoi pas ?". Pourtant, je suis épouse et mère d'ingénieurs, donc je dois vous avouer que j'étais plutôt sceptique ! J'en ai fait pendant 1 an. Je me suis reconstruite".
Aujourd'hui, elle accompagne les cas les plus difficiles ("j'ai un faible pour les cancers parce que leur histoire me touche") que lui recommandent les chirurgiens avec lesquels elle travaille. Elle les rassure avant l'entrée au bloc, les apaise pendant que l'anesthésiste les endort et les accueille à leur réveil, ce qui permet d'établir un lien confiant et serein entre les membres hospitaliers et le patient.
Est-ce que les chirurgiens ont été difficiles à convaincre ? "Au début, j'ai été accueillie avec méfiance par mon équipe. Mais comme j'avais été opérée de mon cancer là où je travaillais, tout le monde n'a pu que constater les effets positifs de la sophrologie sur moi. Ce qui les a interpellés, c'est que le fondateur de la sophrologie caycédienne est médecin. C'est la polyclinique qui a financé mes cinq années de formation, et quand je suis revenue de mon arrêt de travail, j'ai tout naturellement commencé à la mettre en pratique avec les patients. Très vite, les médecins m'ont amené leur femme et leurs enfants", sourit la soignante.
La sophrologie pour gérer la douleur
Qu'elle soit aigüe ou chronique (15 à 25 % de la population selon l'Inserm), la douleur est avant tout une information subjective, un ressenti personnel difficilement mesurable, en dépit de la fameuse échelle de douleur faciale "FPS" (face pain scale) et de l'imagerie cérébrale. De ce fait, c'est donc au patient lui-même de décider de l'importance et de l'attention qu'il entend accorder ou non à sa douleur. Une technique qui a fait ses preuves, notamment dans les maternités où la sophrologie a toute sa place depuis plusieurs années et permet d'accoucher (presque) sans douleur, tout en évitant le recours à la péridurale. Grâce à divers exercices de relaxation dynamique et de visualisation positive de la naissance, les futures mères sont ainsi plus sereines et plus confiantes aussi bien physiquement que mentalement. Le jour de l'accouchement venu, elles se crispent généralement moins au moment des contractions ou de la délivrance, elles sont plus détendues et vivent leur accouchement en pleine conscience plutôt que de le subir. "Comme ma mère avant moi, j'ai accouché de mes 4 filles sans péridurale", se plait à raconter Natalia Caycedo. Médecin psychiatre, la fille du fondateur de la sophrologie caycédienne, Alfonso Caycedo, et vice-présidente de Sofrocay ® s'est même fait arracher une dent sans anesthésie par un de ses élèves dentistes, "pour ne pas être en contradiction avec mes enseignements alors que je lui apprenais justement le contrôle de soi et la gestion des émotions !".
Admise par le champ médical au même titre que de nombreux autres traitements non pharmacologiques, la sophrologie ne fait pourtant toujours pas partie des thérapies complémentaires (ThC) validées par l'Académie de Médecine ; celle-ci ne reconnaît que l'acupuncture, l'hypnose, la médecine manuelle et le tai chi dans un rapport rendu public le 5 mars 2013 (voir l'article de Doctissimo : L'Académie de médecine réservée sur les thérapies complémentaires). Un choix d'autant plus surprenant que la sophrologie est considérée comme une méthode de préparation à l'accouchement à part entière et, de ce fait, remboursée à 100 % par l'Assurance maladie à raison de 8 séances.
La sophrologie et le stress
Qu'ils exercent au bloc opératoire ou en cabinet public ou privé, les professionnels de santé peuvent également être victimes du stress chronique induit par les exigences, la pression et le rythme de leur travail : horaires décalés et journées à rallonge, patients ou proches de patients difficiles, situations d'urgence à gérer, interventions longues et complexes… La méthodologie sophrologique peut alors s'avérer très utile pour dénouer les tensions et soulager physiquement les praticiens avant qu'ils ne perdent pied. La clé pour conserver une attitude positive et sereine, quels que soient les circonstances et l'environnement.
A travers ces différentes applications, la sophrologie trouve de plus en plus sa place au sein des structures hospitalières.
Anne-Flore Gaspar-Lolliot