Des hôpitaux testent le cuivre pour prévenir les infections nosocomiales
Dans le but de limiter les infections nosocomiales, des hôpitaux changent poignées de porte, interrupteurs, déambulateurs… de services à risque, pour des équipements en cuivre. 28 février 2013
Paris, France- Les 4èmes Etats Généraux sur les infections nosocomiales et la sécurité du patient 2013 ont mis à l'honneur une stratégie innovante pour lutter contre les infections nosocomiales dans les hôpitaux : le remplacement de certains des équipements par des installations en alliage de cuivre [1]. Le Dr Patrick Pina, responsable hygiène du CH de Rambouillet, l'un des quatre hôpitaux qui ont tenté l'expérience en France avec le Cigma de Laval, le CHU d'Amiens, et l'hôpital privé Nord Parisien (HPNP) de Sarcelles, est venu témoigner.
« L'objectif est d'utiliser les propriétés antibactériennes du cuivre pour lutter contre les bactéries multirésistantes, en complément des pratiques d'hygiène systématiques, comme le lavage des mains », explique-t-il.
« L'utilisation du cuivre et de ses alliages pour les éléments fréquemment touchés tels que les poignées de porte, les plaques de propreté, le mobilier, les brancards, les pieds à perfusion, les interrupteurs ou postes informatiques peut contribuer à réduire le nombre de bactéries pathogènes présentes dans l'environnement médical », indique le fabriquant Antimicrobial Copper™.
De l'Antiquité à nos hôpitaux modernes
Le cuivre est connu pour ses propriétés antiseptiques depuis l'Antiquité. Aujourd'hui, il est utilisé comme tel dans différents types de produits (bains de bouche, dentifrices, médicaments…)
De nombreuses études ont montré que le cuivre est capable d'éradiquer les bactéries les plus résistantes, mais aussi certains champignons et virus. En février 2008, l'agence de protection de l'environnement américaine (Environmental Protection Agency-EPA) a d'ailleurs officiellement enregistré le cuivre et 275 de ses alliages comme agents antibactériens.
Les études conduites par l'EPA ont démontré la capacité du cuivre à éliminer en deux heures de contact, plus de 99,9% des bactéries pathogènes suivantes : Staphylococcus aureus, Enterobacter aerogenes, Escherichia coli O157:H7 (E. coli O157:H7), Pseudomonas aeruginosa, Entérocoque résistant à la Vancomycine (ERV) et staphylocoque doré résistant à la méticilline (SARM).
A l'heure où la résistance aux antibiotiques s'accélère, l'ensemble de ces éléments a conduit à expérimenter les équipements hospitaliers en cuivre avec des premiers résultats encourageants
En France, pas encore de retour sur une éventuelle baisse ou stabilisation du nombre d'infections nosocomiales dans les services concernés. Mais, avant l'installation des équipements à l'hôpital privé Nord Parisien, une étude menée pendant deux mois par l'Institut de recherche microbiologique a confirmé les propriétés bactéricides in situ de poignées en laiton (cuivre +zinc). Seize séries de prélèvements sur ces poignées ont mis en évidence la présence de 5 fois moins de germes que sur les poignées plastiques employées au préalable.
A l'étranger, en revanche, une enquête du Dr M.G. Schmidt et coll a montré que l'installation d'équipements en cuivre et alliages antibactériens dans trois services de réanimation hospitaliers aux Etats-Unis permet d'abaisser la charge bactérienne des surfaces de 97% et de réduire de 40% les infections transmises aux patients. L'étude a été présentée à l'International Conference on Prevention and Infection Control et est en attente de publication