6 points pour mieux comprendre les infections nosocomiales
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] L’intubation de longue durée est une source importante d’infections nosocomiales.-Reporters/BSIP
Qui attrape des infections nosocomiales, après combien de temps et dans quelles circonstances? Réponses du Dr Delmée, au CHU saint Luc.
1. LA DÉFINITION Dr Michel Delmée, chef du département des laboratoires cliniques au CHU saint Luc: «L’infection nosocomiale est contractée par un patient durant son hospitalisation. Elle n’est pas la cause de l’hospitalisation.» Il cite l’exemple d’un accidenté de la route, qui passe par les urgences, les soins intensifs, la salle d’opération… et dont l’une des plaies s’infecte. «le germe peut venir de l’environnement, l’hôpital, de sa propre peau, de ses muqueuses, de son intestin, du voisin de chambre.» Avec ce critère temporel: l’infection se déclare plus de 48 heures après l’hospitalisation du patient.
2. QUI EST TOUCHÉ?N’importe quel patient. «Du fait des soins qu’il reçoit, il court un risque d’infection», dit le spécialiste: il parle d’incision chirurgicale, de multitraumatisme, d’intubation en respiration artificielle… «On doit minimiser le risque, mais il est impossible d’éviter totalement les infections nosocomiales.»
3. PERSONNES À RISQUEUn patient en bonne santé comporte un risque bien moindre qu’une personne immunodéprimée, comme une personne greffée sous médication anti-rejet, ou un patient âgé, un prématuré, un patient malnutri, un bronchiteux chronique, un fumeur…
4. LES STATISTIQUESLes chiffres sont différents dans les hôpitaux universitaires, où il y a plus de patients greffés, et entre les services (plus d’infections en soins intensifs, chirurgie, gériatrie…). Les infections nosocomiales touchent 5 à 7% des patients hospitalisés. Les chiffres de décès sont impressionnants: 3 000 personnes par an, soit 3 à 4 fois plus que les accidents de voiture.
Mais il y a une régression manifeste depuis 10 ans en Belgique et partout en Europe, grâce aux campagnes d’hygiène des mains du personnel soignant et les distributeurs d’alcool présents à tous les lits des patients.
5. LE TOP DES GERMESSelon le Dr Delmée, la 1re place est occupée par la bactérie intestinale Escherichia coli, source de nombreuses infections urinaires, suivie par le staphylocoque doré, présent dans le nez.
C’est une sorte de cercle vicieux «Les germes sont de plus en plus résistants», dit le Dr Delmée. «Et du coup, l’hôpital utilise de plus en plus d’antibiotiques, parce qu’il y a plus de patients infectés que dans la population en général. Et donc, par simple mécanisme de sélection, l’hôpital va concentrer plus de germes résistants que dans la population ambulante.
6. DES GERMES VOYAGEURSDes problèmes de plus en plus aigus sont liés à des dispersions mondiales de germes multirésistants. «Si on voyage en Inde, dans des pays asiatiques et africains, on a une probabilité très grande de revenir avec des germes multirésistants. Ils ne sont pas pour autant dangereux, car ils sont dans votre intestin, mais les matières fécales elles-mêmes sont une source de contamination à l’hôpital.»
Ces bactéries intestinales multirésistantes proviennent de pays où l’on utilise beaucoup d’antibiotiques. Le Dr Delmée cite l’Inde, le Pakistan, mais aussi la Grèce et le bassin méditerranéen de l’Est. «Ces germes deviennent une source de contamination. Toutes les infections urinaires, sources principales d’infections nosocomiales sont généralement dues qu’on doit sonder beaucoup de patients. Ces infections urinaires sont provoquées en majeure partie par des germes de la flore intestinale.»
L’infection urinaire peut être d’emblée provoquée par un germe multirésistant, qui peut provoquer une septicémie. «Une septicémie avec un germe multirésistant, c’est beaucoup plus embêtant. On est dans des situations où des germes peuvent être résistants à tous les antibiotiques et ça conduit à des situations dramatiques.»