[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Plus de 90% des cigarettes vendue dans le monde ont un filtre constitué de plus de 12 000 fibres d’acétate de cellulose. Au cours d’un processus de fabrication rapide des cigarettes, des fragments d’acetate de cellulose à l’extrémité du filtre qui sera mis dans la bouche, peuvent être séparés du filtre. Lorsque ces cigarettes sont fumées de manière normale, ces fragments se séparent facilement du filtre et sont inspirés. Dans d’autres cigarettes qui ont en plus une partie de filtre en charbon, des particules de carbone sont également aspirées. Ces cigarettes qui libèrent des fibres d’acétate de cellulose et du carbone sont défectueuses.
Le but de cette étude a été de consulter les documents des compagnies de tabac afin d’identifier ceux qui
- documentent un filtre défectueux,
- caractérisent l’étendue du défaut,
- établissent la connaissance du défaut,
- confirment que ces défauts sont toujours présents sur les cigarettes actuellement fabriquées,
- établissent la fréquence de ce défaut au sein des différentes compagnies de tabac,
- définissent si ce défaut a été classé comme confidentiel afin de ne pas être diffusé au sein du public,
- confirment la possibilité de corriger ce défaut.
Les recherches des documents ont été menées dans la littérature scientifique, les journaux médicaux, les brevets US, les papiers présentés au cours de réunions ou encore les documents présentés au cours de procès.
Au total, 61 documents de la firme Philip Morris ont été sélectionnés pour l’étude parce qu’ils décrivaient spécifiquement la libération de fibres d’acétate de cellulose, et pour les cigarettes avec filtre en charbon, la libéartion de carbone.
Les auteurs mettent en évidence que très tôt, Phlip Morris avait identifié le défaut des filtres et la libération des fibres d’acétate de cellulose au cours de l’aspiration de la fumée. Et dès 1957, les effets sur la santé de l’inhalation de fibres d’acétate de cellulose était identifié par Philip Morris. Un document de 1962 rapporte les résultats obtenus en laboratoire par Philip Morris qui compare la “chute” au niveau du filtre, de fibres d’acétate de cellulose entre les cigarettes qu’il fabrique, les Marlboros, et des cigarettes d’un concurrent, Liggett & Meyers. Ces tests sont toujours pratiqués par Philip Morris comme en témoignent des documents de 1997 et 1999. Le premier établi que les “chutes” de fibres d’acétate de cellulose sont évalués de manière régulière et le second rapporte des tests comparant ces “chutes” avec celles d’un nouveau filtre.
Ainsi les auteurs de cet article, publié dans la revue Anglaise Tobacco Control, établissent que dès 1961, toutes les cigarettes testées par Philip Morris présentait ce défaut de libération de fibres d’acétate de cellulose ainsi que de particule de carbone pour celles possédant un filtre à charbon. Pourtant aucune publication de la littérature scientifique n’a jusqu’alors rapporté ce risque lié aux fibres présents dans les filtres. Ces données ont donc été conservées confidentielles. Pourtant la revue de l’ensemble de la documentation retrouvée témoigne de l’existence d’une méthode simple, rapide et efficace capable de décontaminer l’extrémité du filtre des résidus de fibres de cellulose : cette méthode a même été brevetée aux Etats-Unis. En plus, pas moins de 607 brevets de filtres de cigarettes ont été déposés entre 1957 et 2001 avec de nouveaux matériaux qui permettaient, entre autre, d’éviter cette inhalation de fibres d’acétate de cellulose lors de la consommation de la cigarette.
Les auteurs ont donc réussi à montrer que les filtres des cigarettes sont aujourd’hui toujours défectueux, que Philip Morris le sait depuis 40 ans, que ces défauts sont confirmés par des études indépendantes, que des moyens d’éviter ou de corriger ces défauts existent mais n’ont jamais été mis en oeuvre par Philip Morris, et enfin que ces données ont été consciencieusement tenu à l’abri du regard de la communauté scientifique et des consommateurs. Les compagnies de tabac n’ont à priori pas mené de tests cliniques destinés à déterminer quelles sont les conséquences sur la santé de l’inhalation de produits provenant du filtre, qu’il s’agisse de fibres d’acétate de cellulose ou de particules de carbones, ou encore d’autres produits mal identifiés.