L'ingénierie tissulaire reconstruit l'être humai

Un autre thème qui intéresse le LOEX a une optique purement expérimentale. « Nous cherchons à reconstruire des tissus bronchiques qui, eux, ne seront jamais greffés, car on peut parfaitement vivre avec des morceaux de bronches en moins » , commen-te François Auger. En collaboration avec l'équipe du pneumologue Louis-Philippe Boulet, de l'hôpital Laval à Québec, le LOEX a reconstruit un morceau de bron-che il y a quelques mois10. « Ce tissu nous sert à étudier in vivo le comportement des bronches face à diverses agressions ou pathologies, comme l'asthme, ce qui n'avait jamais été possible auparavant. Mais on peut aussi penser à des applications dans la recherche sur des maladies comme la mucoviscidose » . Aujourd'hui, l'ingénierie tissulaire semble offrir un incroyable potentiel d'appli- cations. « C'est probablement la technique médicale de la prochaine décennie » , avance François Auger. Partout dans le monde, des chercheurs testent des méthodes de culture cellulaire pour reconstruire des organes dans le but de les transplanter, ou de les utiliser comme modèles expérimentaux pour d'autres recherches. La reconstruction de cartilages est l'un des domaines qui suscitent le plus d'intérêt, car c'est probablement celui qui concerne le plus grand nombre de patients victimes de traumatismes ou d'arthrose dégénérative. Récemment, la greffe sur le dos d'une souris d'une oreille constituée d'une armature ensemencée par des cellules de cartilage cultivé, réalisée par l'équipe de Linda Griffith-Cima, du MIT, a fait la une de nombreuses publications et laisse entrevoir des applications en chirurgie orthopédique et en chirurgie esthétique de reconstruction, notamment du visage. D'autres chercheurs du MIT visent la reconstruction d'organes plus complexes, comme le foie ou le pancréas.

Pour François Auger, les grands développements de l'ingénierie tissulaire sont surtout à attendre des organes ayant essentiellement un rôle mécanique et physiologique simple dans le corps, plus facile à retrouver que des propriétés biologiques complexes telles que la digestion ou la vue. Les ligaments, le cartilage, les os, la peau... mais aussi le sein, auquel on pourrait ainsi redonner un certain volume après une ablation. « L'idée, c'est de transplanter un organe simple, auquel le corps humain apporte des performances physiologiques additionnelles lorsqu'il l'assimile . »

Un espoir pour les jeunes