Asthme, maladie de notre écosystème
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]15 avril 2013
Aix, France – Dans quelques jours, les allergologues du monde francophone se réuniront à Paris pour discuter de l'actualité d'une spécialité en constante évolution lors du
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien](CFA 2013). En matière d'épidémiologie d'abord, les grandes études épidémiologiques mondiales des années 90 comme
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] (International Study of Asthma and Allergies in Childhood) ont prouvé que les manifestions allergiques ont doublé en vingt ans dans les pays développés occidentaux et qu'elles gagnent désormais les pays émergents.
Ces études avaient constaté l'existence de 3 grandes zones d'incidence des allergies : forte, moyenne et faible, relativement superposable au niveau de développement économique à l'occidental des pays. Nous sommes actuellement arrivés en France à une asymptote, comme dans les autres pays développés mais les pays d'Afrique, auparavant exempts d'allergies voient arriver ces nouvelles pathologies.
L'allergie en chiffres 25-30% de la population française souffre de rhinite allergique, 7% d'asthme, 7-10% de dermatite atopique et 5-8% des enfants en bas âge ont
une d'allergie alimentaire (2% des adultes). 2,5% des prises médicamenteuses entrainent un phénomène d'hypersensibilité médicamenteuse non prévisible (phénomène en
augmentation).
Une maladie liée aux changements de notre écosystèmeComment expliquer cette majoration des allergies dans les pays occidentaux ? Un grand nombre d'études sont en cours. Pour les allergies respiratoires au sens large (ORL, ophtalmo, pneumologique), on s'oriente vers des modifications de notre échosystème qui incluent notre mode de vie et notre environnement.
Notre habitat a changé. Nous vivons dans des appartements trop confinés et isolés, qui majorent la température et l'hygrométrie et favorisent le développement des moisissures et des acariens. Nous nous entourons d'animaux de compagnie qui vivaient auparavant à l'extérieur des maisons, voire même de NAC (nouveaux animaux de compagnie) qui
provoquent eux aussi des allergies, parfois graves.
Le paysage de la France a également changé. L'allergie au cyprès inexistante en Provence, il y a 30 ans, est arrivée au fur et à mesure des nombreuses plantations de cette espèce dans les jardins, le long des autoroutes etc?Même remarque pour l'ambroisie, plante adventice, qui pousse sur des zones où la terre a été retournée comme le long du
chantier du
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ou des chantiers d'autoroutes?
Pollens et pollution: association de malfaiteurs pour l'allergique il reste enfin la piste de la pollution atmosphérique : des études menées en France et au Japon montrent qu'on a plus d'allergies au pollen en ville qu'à la campagne, ce qui est paradoxal. On sait que des polluants chimiques modifient la composition physico-chimique du pollen et le rendent plus agressif. Au Japon encore, une étude menée sur lallergie au cyprès (plus précisément au red cedar) a constaté que les plus forts pics d'allergie au cyprès suivent les plantations de ces arbres en bordure des autoroutes. Les botanistes s'interrogent aujourd'hui (mais cela reste à prouver) sur la production plus importante de pollens par les plantes et arbres soumis au stress des aéro-contaminants.
Outre la modification des pollens, il est prouvé que le niveau d'inflammation diffus des muqueuses provoqué par la pollution atmosphérique renforce la réactivité aux allergènes.
Rencontre d'une prédisposition génétique et d'un environnement Au fil des années, allons-nous tous devenir allergiques ?
Non. Seules les personnes prédisposées génétiquement le deviendront car l allergie est véritablement une maladie épigénétique : c'est la rencontre d'un terrain et d'une protéine présente dans l'environnement.
Tout le monde ne peut pas fabriquer des IgE spécifiques. On estime que la proportion d'individus porteurs d'un terrain allergique est à peu près la même dans la monde, c'est la rencontre entre ces personnes et des allergènes en concentrations, elles, variables, qui explique la carte mondiale des allergies.
L'hérédité pèse lourd : si vos deux parents sont allergiques, vous avez 70% de chance d'être allergique, un seul parent allergique : 33% de chance et aucun des deux, 20%.
Dépistage et traitement précoce : la meilleure stratégieLe traitement idéal des allergies est l'éviction du ou des allergènes qui s'avère le souvent difficile à réaliser, voire utopique.
L'immunothérapie spécifique marche bien sur les terrains vierges (enfant, adolescent, adulte jeune) à condition que la maladie se limite à quelques allergènes. Avec les progrès des tests biologiques de dépistage, IgE spécifiques et surtout la recherche d'allergènes
moléculaires, on peut presque toujours identifier l'élément responsable mais toute la difficulté est de faire la preuve que l'allergène est la cause des symptômes. C'est ce qui fait la différence entre sensibilité et allergie. L'autre problème pour décider de la mise en route d'une immunothérapie est qu'il y a beaucoup de polypathologies, d'allergies croisées.
Immunothérapie sublinguale : aussi efficace, plus pratique mais chèreAujourd'hui, à efficacités comparables et sans risque de réaction anaphylactique, plus de 95% des nouveaux traitements d'immunothérapie spécifique sont initiés sous forme sublinguale (forme liquide ou, plus récemment, comprimés). Comparativement à la voie injectable (qui reste la seule solution pour les hyménoptères), la voie sub-linguale coûte
nettement plus cher (rapport de 1 à 3).
A noter que la voie transcutanée (patch) pour les allergies alimentaires Chez l'enfant fait l'objet de recherches. Une étude européenne dirigée Par le
Dr Jean-Christophe Dupont (CHU Necker) teste cette voie pour les allergies graves à l'arachide et au lait.
mais si tous les allergiques, loin de là, ne peuvent pas être « désensibilisés », ils doivent être diagnostiqués et traités de manière symptomatique le plus précocement possible car cela va conditionner leur avenir.
Ainsi la prise en charge précoce de la rhinite allergique évite le passage à l'asthme, même chose pour la dermatite atopique. Un bilan allergologique peut être réalisé chez le nourrisson dès l'âge de 6 mois. Il est aussi indispensable d'explorer les enfants qui font des bronchites et des rhinopharyngites à répétition car on retrouve souvent une allergie passée inaperçue. Le fil rouge du congrès de la Société francophone d'allergologue sera précisément consacré à l'allergie de lenfant, son dépistage et ses traitements.
Ce qu'on ne fait plus en allergologieDosage des IgE totales et des éosinophiles : non spécifique, inutile. pas de rapport entre la sévérité de l'allergie et le taux d'IgE.
Corticothérapie retard injectable : source de multiples effets secondaires et rendue inutile aujourd'hui par l'amélioration des traitements standards. Cette pratique apportait une dose massive de corticoïdes durant 6 semaines dans l'organisme.
Parler de désensibilisation au lieu d'immunothérapie spécifique.
Le Dr Jean-Pol Dumur est président de l'Anaforcal et co-organisateur du congrès francophone d'allergologie (CFA 2013). Il n'a aucun conflit d'intérêt à déclarer.