Ces antalgiques qui mettent votre cœur en danger
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Les antalgiques (anti douleurs) les plus communément prescrits et utilisés chaque années par des millions de patients, parfois de manières répétées, mettent le cœur en danger. Ces médicaments appelés anti inflammatoire non stéroïdiens réduisent la douleur et l’inflammation et sont utilisés pour soulager des maux de tête, des douleurs d’arthrose, des douleurs dorsales ou musculaires, des douleurs menstruelles. Les patients en prennent parfois même sans ordonnance.
Pourtant leur utilisation peut engendrer un infarctus cardiaque ou un accident vasculaire cérébral parfois mortel. Ces effets secondaires, ont été mis à jour il y a seulement une dizaine d’année (2001) suite à l’arrivée sur le marché d’un nouveaux type d’anti inflammatoires, les coxibs (Vioxx par exemple), initiallement censés réduire le risque hémorragique gastriques en comparaison aux anti inflammatoires plus ancien comme l’ibuprofène ou le diclofenac. Si le Vioxx a été retirés du marché, d’autres coxibs restent toujours commercialisés dans certains pays.
Malgré ce risque augmenté d’accidents vasculaires, les anti inflammatoires sont pourtant très prescrits chez des personnes ayant déjà un risque cardiovasculaire identifié. Une étude présentée au cours du dernier congrès de rhumatologie de l’EULAR confirme une forte prescription de ces antalgiques non stéroïdiens chez les patients à risque cardiaque. Selon le Dr Carl Orr, (Department of Medicine, Royal College of Surgeons, Dublin, Ireland) qui présentait cette étude, “ses données démontrent une augmentation immédiate du risque de décès et d’infarctus du myocarde, mettant en cause la sécurité d’emploi de ces médicaments même utilisés pour une très courte période”
L’étude avait analysé des patients de plus de 50 ans, ayant une maladie cardiaque ischémique, un diabète ou une hypertension. Sur une période de 2 mois, 108 patients ont reçu une prescription d’anti inflammatoires non stéroïdiens : 36% avait une maladie cardiaque ou étaient à risque de maladie cardiaque. La durée moyenne de prescription était de 256 jours : 56% avaient une prescription de plus d’un mois, et 15% d’un an ou plus.
Une étude bien plus ambitieuse financée par le UK Medical Research Council et la British Heart Foundation publiée dans la revue anglaise The Lancet, apporte encore plus de details sur les risques pris par les patients avec ces anti-douleurs utilisés à forte doses. L’étude a réuni les données de 754 essais cliniques évaluant des antiinflammatoires non stéroïdiens classiques (diclofenac, ibuprofène, naproxene) et des coxibs (COX-2 inhibitors). Au total, cette analyse a inclu 353 809 patients ayant reçu un anti inflammatoire ou un placebo.
La prise de ces anti douleurs accroit le risque d’accidents vasculaires majeurs d’un peu plus d’un tiers (respectivement +41% pour le diclofenac et +37% pour les coxibs). Cette augmentation est principalement causée par la survenue d’accidents coronaires, accrus de +70% avec le diclofenac et +76% avec les coxibs. L’ibuprofène, autre anti inflammatoires accroit également ce risque d’accidents coronaires (+220%). Consécutivement, la mortalité grandie de +58% sous coxibs et de +65% sous diclofenac chez ces patients traités par anti inflammatoires en comparaison avec un placebo (+90% sous ibuprofène, non significative).
En terme de risque absolu, si 1000 patients prennent un antiinflammatoire, celui-ci sera responsable de 3 accidents vasculaires et d’un décès. Seul le naproxene n’accroit pas ce risque, qui peut être considéré comme faible.
Mais ce n’est pas tout. La prise de ces médicaments multiplie par 2 à 4 le risque d’insuffisance cardiaque, un risque retrouvé avec les coxibs comme avec tous les antiinflammatoires, diclofenac (x2), ibuprofen (x4) et naproxen (x4).
Toute la question réside donc dans le rapport bénéfice risque lié à ces médicaments : le soulagement qu’ils procurent en vaut-il la peine ? Les plus faibles doses efficaces restent recommandées. Tous les anti-inflammatoires comportent un risque vasculaire et cardiaque, les patients doivent en être avertis. Ce risque cardiaque semble réduit avec le naproxene, (même à la dose d’un gramme par jour) ce qui pourrait, selon les auteurs, constituer une alternative thérapeutique utile, avec toutefois un risque d’hémorragie digestives qui reste élevé, tout comme le risque d’insuffisance cardiaque.
Les anti inflammatoires ont d’autres effets secondaires non évalués dans ces études.
L’aspirine, un autre anti inflammatoire n’a pas été évalué dans cette étude