Troubles psychiques des malades pendant et après leur séjour en réanimation
Frédéric POCHARD 19.09.2013 12:35:42
RESUME L’hospitalisation en réanimation est source d’agressions physiques et psychologiques. Il s’ensuit des troubles psychiques pendant et après le séjour. Pendant le séjour, de nombreux facteurs de stress existent : fatigue, manque de sommeil, médicaments, intubation, douleur, bruit, lumière. Les patients se rappellent les expériences traumatiques : peurs d’être
assassinés, abandonnés, cauchemars, panique. La dépression est fréquente mais difficile à détecter. Des troubles psychiatriques délirants et confusionnels existent dans près de la moitié des cas : hallucinations, agitation, stupeur. Traiter la souffrance psychique pendant le séjour fait appel à des moyens simples : diminuer le bruit, diminuer la lumière, notamment la nuit, chambres individuelles, horloge pour diminuer la confusion, visite des familles, contact verbal et réassurance, anxiolytiques. Après le séjour des symptômes anxio dépressifs (SAD) sont fréquents, mêlés aux symptômes d’état de stress post traumatique
(ESPT) : peur intense, sentiment d’impuissance ou d’horreur, syndrome d’évitement, syndromes neurovégétatifs, syndromes d’intrusion. Comment traiter le SAD et l’ESPT
après la sortie ? Des techniques sont en cours d’évaluation : créer un carnet de bord où sont notés, par la famille et l’équipe soignante, les évènements du séjour et ultérieurs ; proposer une consultation de fin de séjour sont deux mesures qui semblent efficaces
INTRODUCTION L’hospitalisation d’un malade en réanimation est le signe de gravité potentielle ou réelle d’un processus pathologique aigu. Dans une situation traumatique les réactions psychologiques à un contexte de stress aigu ont été étudiées, malgré une sémiologie fruste, dans de nombreuses études . Les facteurs de stress lors d’un séjour en réanimation sont nombreux (pharmacologiques, métaboliques, bruit, lumière, douleur, difcultés ou impossibilité de compréhension et de communication, etc.), et la prévalence de symptômes anxieux, dépressifs, délirants ou confusionnels est majeure . Il semble indispensable de s’interroger sur les conséquences de la maladie et des soins prodigués dans les services de réanimation en terme de qualité de vie, au delà de la simple survie. Depuis quelques années, des études, éssentiellement européennes, ont évalué le devenir des patients «survivants » quelques mois après leur séjour, en terme d’émergence d’état de stress post-traumatiques (ESPT) et de symptômes anxio-dépressifs (SAD)
Reconnaître la souffrance psychique pendant le séjour
Le séjour en réanimation génère chez les patients des symptômes d’anxiété ou de Dépression, associés à de hauts niveaux de fatigue, des troubles de la concentration Et du sommeil . Les analgésiques (dérivés morphiniques) et les benzodiazépines Utilisés pour la sédation peuvent entraîner une dépendance physique et psychique Lors du sevrage, et d’autres médicaments (corticoïdes, antibiotiques) peuvent avoir Des eFFets secondaires . L’intubation constitue un facteur de stress majeur. La
période de sevrage de la ventilation mécanique peut générer des épisodes d’attaque de panique liés à des sensations d’étouffement
La douleur reste un facteur d’agression majeur , notamment lors de la kinésithérapie. La nécessité de soins continus
et de la surveillance mène à des stimulations par le bruit (qui peut dépasser 90 décibels) et par la lumière, dont les conséquences sur le sommeil sont importantes
Entre 18 et 24 % des patients de réanimation ont des antécédents psychiatriques Durant le séjour en réanimation, et hospitalisation, la mise en évidence de troubles psychiatriques.,est rendu difficile par l’absence d’investigation systématique et par une symptomatologie aspécifique, fruste, et rapidement évolutive La mauvaise tolérance et les conséquences potentielles (barotraumatisme lors de la ventilation, augmentation de la consommation d’oxygène) peuvent s’auto-entretenir et mener à une issue fatale
s’ils ne sont pas pris en charge rapidement . Les expériences traumatiques ont été mesurées dans une étude française chez des patients hospitalisés pour broncho-pneumopathie chronique obstructive en réanimation : 15 % d’entre eux ont rap-
porté avoir eu peur d’être assassinés, 19 % d’être abandonnés, 37 % ont eu un sentiment de mort imminente, 47 % se souviennent de cauchemars, 51 % de douleurs . Près de la moitié des patients ventilés rapportent des expériences d’attaque
de panique, et l’annonce de sortie de la réanimation est également stressante, car liée a la perte de techniques de surveillance Interrogés quatre ans après leur sortie de l’hôpital, neuf malades sur dix se souviennent de la ventilation comme ayant été
anxiogène et déplaisante . Le manque de sommeil peut aboutir à l’émergence de symptômes psychiatriques, à type de délire ou d’état confusionnel . Les patients hospitalisés en réanimation, lors du sevrage ou après l’arrêt du traitement analgésique et hypnotique, ont des cycles de sommeil très perturbés, fragmentés, et les stades 3 et 4 (sommeil profond et paradoxal) sont parfois complètement supprimés
. La dépression est caractérisée par l’impossibilité du malade de considérer l’avenir de façon optimiste en raison d’une tristesse de l’humeur. S’y associent souvent une irritabilité et une asthénie psychique et physique. L’intrication de facteurs somatiques et psychologiques rend la détection difficile
Commentaire -Témoignages [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]ma mère a subit une quinzaine d'opérations, pour certaines bien costauds on lui a donné de la morphine, elle déraillait complètement avec !!
Elle a eu des séquelles de mémoire après chaque prise de morphine...
Je me souviens qu'une fois à l'hopital elle voyait la guerre sur le mur, des arbres avec les soldats dedans , et un point de mire qui servait à guider les soldats (c'était le bouton de veille de la télé et les arbres et soldats étaient les ombres sur le mur par rapport à la lumière des lampadaires qui passait à travers les stores une fois la nuit tombée )...
Elle a passé une nuit terrorisée car elle voulait s'enfuir , elle avait peur qu'on lui tire dessus (les soldats !!), du coup elle a tourné la tete et s'est retrouvée tétanisée face à un chien énorme qui la fixait, elle était coincée et n'a pas dormi ... en fait ct l'appareil qui prend tension etc qu'elle voyait, elle l'a pris pour un immense chien monstrueux ..
Elle a déliré comme ça souvent plusieurs jours jusqu'à la baisse de morphine....
Mon grand père de 80 ans vient de subir une lourde intervention sous anesthésie générale pdt 7 heures pour son cancer du colon/rectum.
Hier encore ca allait bien au niveau du langage, il est sous morphine pour calmer la douleur. Et aujourd 'hui, 3 jours après l'intervention il a des vomissements et il semble être en totale confusion. Il dit des choses incohérentes, il a des hallucinations et par moment, il est lucide et a même dit qu'il avait mal à la tête et que tout était embrouillé dans sa tête. A quelques reprises il arrive à suivre une conversation et 2 min après il est reparti dans des délires.