Épidémie de grippe : la France niveau rouge vif
Publié le 13/02/2015 à 07:34
Actu Santé
Épidémie de grippe : la France niveau rouge vif
La grippe saisonnière a déjà touché en France métropolitaine 1,5 million de personnes depuis le début de l'épidémie, dont le pic pourrait être atteint. 483 cas graves ont été admis en réanimation, dont 42 décès depuis le 1er novembre dernier.
Tous les témoignages concordent : la grippe saisonnière est cette année particulièrement virulente. Vaccin ou pas. À ce stade, elle a déjà touché 1,5 million de personnes avec plus de 5 400 passages aux urgences. 483 cas graves en réanimation, dont 42 décès, ont été enregistrés depuis le 1er novembre dernier chez des patients âgés de 1 mois à 98 ans. Parmi eux, une centaine de foyers d'infections respiratoires ont été attribués à la grippe dans des collectivités de personnes âgées (unité de soins de longue durée ou maison de retraite) dont 65 à des virus de grippe A et 8 à la grippe B.
Seule consolation, «après 4 semaines d'épidémie, et avec un démarrage fort au regard des épidémies passées, le pic épidémique pourrait être atteint, ce qui reste à confirmer dans les semaines à venir», indiquait, mercredi, le réseau de surveillance Sentinelles-Inserm.
Au niveau régional, les plus touchées la semaine dernière étaient le Limousin (1 629 cas pour 100 000 habitants), la Provence-Alpes-Côte-d'Azur (1 192) et Midi-Pyrénées (1 150).
L'Institut national de veille sanitaire (InVS) assure que l'épidémie de grippe ne présente pas de gravité particulière cette année. Pourtant, d'après les spécialistes, une surmortalité est à craindre en raison d'un virus particulièrement résistant. Et d'un vaccin moins efficace que par le passé.
Polémique autour du vaccin
«On s'attend à ce qu'il y ait 10, 15 voire 20 % de surmortalité par rapport à l'année dernière», indiquait, hier sur Europe 1, le professeur Bruno Lina, responsable du centre de référence sur la grippe basé à Lyon. «Ça ferait environ 1 500 décès supplémentaires. La dernière fois qu'on a connu des épidémies d'une telle ampleur, c'était il y a plus de 15 ans».
L'InVS note par ailleurs que la vaccination «reste le meilleur outil de prévention», même si son efficacité contre la souche grippale A (H3N2), la plus répandue cet hiver, «n'est pas optimale». Le professeur Lina indiquait fin janvier que ce virus était «responsable de la bouffée épidémique que l'on voit en ce moment». Mais «ce virus a évolué entre le moment où a été choisi le virus à mettre dans le vaccin et le début de l'épidémie».
Cette observation est confirmée par une étude publiée la semaine dernière par Eurosurveillance. Ses auteurs, Sylvie Van der Werf, du Centre national de référence des virus Influenza, et Daniel Lévy-Bruhl, de l'Institut de veille sanitaire (InVS) y concluent que le vaccin a réduit de 3,5 % seulement le risque de consultation pour grippe (confirmée) en soins primaires.
Conclusion, si le vaccin reste toujours la règle, mieux vaut appliquer le b.a.-ba pour bien se protéger : se laver les mains quatre ou cinq fois par jour et rester à plus d'un mètre des personnes présentant des symptômes grippaux : fièvre, toux, maux de tête, ou myalgies.
Midi-Pyrénées, 3e région la plus touchée
La semaine dernière, la grippe a atteint plus d'un habitant sur 100 en Midi-Pyrénées. L'épidémie est donc encore très active et les risques de transmissions élevés comme le confirme l'Agence régionale de santé qui renouvelle logiquement les précautions à prendre. «Principalement due à la circulation de la souche A (H3N2) cette épidémie peut entraîner des complications sévères chez les personnes fragiles comme les personnes âgées ou les enfants de moins de 1 an» rappelle l'ARS. 21 foyers d'infections respiratoires aiguës ont d'ailleurs été signalés depuis le début de l'épidémie, en octobre 2014 en maison de retraite ou EHPAD (Établissement d'Hébergement de Personnes Âgées Dépendantes).
D'après SOS Médecins 31, l'épidémie a occasionné «en semaine 6», 227 interventions (21,9 % des interventions) contre 174 en semaine précédente. Mais si elle recule chez les moins de 15 ans (-15,5 %), elle est en augmentation chez les 15-74 ans (+70,6 %). La prédominance du H3N2, différent de la souche vaccinale est par ailleurs confirmée dans tous les départements et pour toutes les classes d'âge. Néanmoins, la vaccination reste recommandée chez les personnes de plus de 65 ans, les femmes enceintes et les personnes souffrant de diverses pathologies (asthme, insuffisance cardiaque ou respiratoire…) pour prévenir les pathologies sévères et potentiellement fatales. Le nombre total de cas hospitalisés dans les services de réanimation et signalés à l'InVS depuis le début de la surveillance est de 21 cas. Et dans les services d'urgence, les passages liés à la grippe (environ 140 en Haute-Garonne) ont augmenté de 23 %, avec une prédominance pour les patients de moins de 15 ans.
Il faudra donc attendre les tendances de la semaine prochaine pour savoir si le pic épidémique est atteint. Si ce n'est pas le cas,» il interviendra d'ici deux semaines maximum» selon l'InVS.