Prévention et traitement de la grippe
La prévention de la grippe repose principalement sur l’administration du vaccin grippal. Si le vaccin est efficace, ses conditions de fabrication (délais de mise au point du vaccin) et d’utilisation (taux de couverture vaccinale insuffisant, efficacité obtenue 2 à 3 semaines après l’injection) peuvent en limiter la portée dans certaines circonstances, notamment en cas de pandémie.
La mise sur le marché d’une nouvelle génération de traitements antiviraux spécifiques de la grippe, les inhibiteurs de la neuraminidase (INA), semble représenter une avancée significative, aussi bien sur le plan de la prophylaxie (prévention) que sur le plan thérapeutique. L’administration d’INA réduit la durée de la grippe, devrait diminuer, en théorie, l’intensité des symptômes et limiter ainsi le risque de complications.
La vaccination, pierre angulaire de la prévention
La mise au point du vaccin constitue chaque année l’aboutissement d’un processus de production complexe et contraignant, effectué selon un calendrier très serré. Un délai d’au moins 6 mois est nécessaire après la formulation des recommandations annuelles de l’Organisation Mondiale de la Santé. Au niveau individuel, le vaccin est efficace 2 à 3 semaines après l’injection et pour une durée de 6 mois.
La vaccination réduit la morbidité et la mortalité de la grippe chez les personnes âgées et chez celles qui sont atteintes de maladies chroniques. Ainsi, elle diminue le risque de survenue d’une pneumonie ou d’aggravation d’une maladie cardiovasculaire ou pulmonaire sous-jacente.
Chez les personnes jeunes, l’efficacité des vaccins à prévenir l’infection grippale est comprise entre 70 et 90 %.
L’efficacité vaccinale dépend de plusieurs facteurs dont l’âge : chez les sujets âgés de 60 ans et plus, l’efficacité de la vaccination est estimée de l’ordre de 58%.
Le vaccin contre la grippe peut présenter une efficacité encore plus modeste chez les personnes âgées en services de soins de longue durée, et encore moindre chez celles vivant chez elles.
Mais cette efficacité est limitée par un faible taux de couverture vaccinale. En France, lors de la saison grippale 2005-2006, seulement 24 % de la population générale était vaccinée contre la grippe (enquête TNS Sofres pour le GEIG). La couverture vaccinale des personnes âgées de 65 ans et plus atteignait 68 % et celle des personnes de moins de 65 ans souffrant d’une maladie chronique 52 % (source : Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés) .
Parmi les enfants en bonne santé en 2004-2005, seuls 5 % étaient vaccinés et 19 % seulement parmi les enfants asthmatiques.
Les antiviraux : des médicaments spécifiques
Les inhibiteurs de la neuraminidase (INA) semblent constituer une avancée significative. Ils sont efficaces contre les virus de type A et de type B. Ils agissent spécifiquement sur la neuraminidase, l’une des deux protéines majeures de surface du virus grippal. L’inactivation de la neuraminidase empêche la propagation du virus et l’infection de nouvelles cellules de l’organisme. La neuraminidase présente l’intérêt de rester stable quelles que soient les mutations du virus.
Parmi les antiviraux actuellement disponibles en France, certains sont administrés par inhalation, d’autres présentent l’avantage d’être disponibles sous forme orale. Les antiviraux ont démontré leur efficacité aussi bien en prophylaxie (prévention) qu’en traitement curatif chez l’adulte et l’enfant.
Les résultats obtenus semblent d’autant meilleurs que l’administration de l’antiviral est précoce. Ainsi, la prise dans les 48 premières heures suivant l’apparition des symptômes est recommandée. Ce fait souligne encore l’importance d’un diagnostic précoce.
La prise de l’antiviral devrait protèger de la grippe les personnes en contact avec des sujets infectés par le virus grippal. Un tel traitement préventif évite ainsi la propagation du virus au sein d’une famille.
Les antiviraux oraux sont indiqués pour le traitement et la prophylaxie de la grippe chez l’adulte et l’enfant à partir de 1 an. La prise d’un antiviral oral en traitement prophylactique après exposition a arrête l’épidémie dans 8 établissements sur 10 en milieu institutionnel au Canada.
La tolérance des antiviraux oraux est globalement bonne. Les effets indésirables sont essentiellement représentés par des troubles digestifs, nettement diminués par la prise d’une collation.
Les antiviraux doivent être prescrits par un médecin et sont remboursés par la sécurité sociale à 35 % dans certaines populations. En aucun cas les antiviraux ne constituent une alternative à la vaccination.