Allergie et asthme : de nouvelles voies de recherche
La lutte contre les maladies allergiques et l'asthme emprunte aujourd'hui des stratégies variées. Dans les "tiroirs" des chercheurs, des anticorps anti-allergiques, toutes sortes de substances capables de bloquer les réactions inflammatoires liées à l'allergie et même des vaccins anti-asthme.
Sous nos latitudes, l'asthme et les maladies allergiques sont de plus en plus fréquentes. Ces affections pourraient d'ailleurs être une rançon de la vie moderne, leur survenue pouvant être favorisée par divers facteurs comme le confinement des habitations, l'augmentation du nombre d'animaux domestiques, une modification des pratiques alimentaires ou, s'agissant de jeunes enfants, la diminution du nombre des infections bactériennes et virales du fait d'une diffusion des vaccinations et de l'usage des antibiotiques.
Selon un article du "British Medical Journal", l'augmentation de la consommation de médicaments pourrait également être en cause et ce paramètre serait, par exemple, à l'origine du doublement du nombre d'hospitalisations pour allergies observé dans les hôpitaux londoniens entre 1991-1992 et 1994-1995.
Le combat contre ce fléau demeure difficile, bien que l'on dispose déjà de médicaments relativement efficaces. Dans le rhume des foins ou d'autres maladies allergiques, des produits actifs contre une substance impliquée dans l'inflammation liée à l'allergie, l'histamine, permettent bien souvent d'obtenir un soulagement notable. La désensibilisation, dont le principe consiste à administrer de petites quantités de la substance allergisante dans l organisme pour habituer celui-ci peu à peu à sa présence, offre aussi des possibilités thérapeutiques intéressantes. Dans la plupart des allergies respiratoires, ce traitement peut d'ailleurs être désormais réalisé chez les adultes en réalisant les injections non plus sous la peau, mais en recourant à de simples gouttes sous la langue (voie sublinguale), une voie d'administration
évidemment plus confortable pour les malades et tout aussi efficace que la voie
sous-cutanée.
Des anticorps pour traiter la rhinite du bouleau
D'autres progrès pourraient voir le jour dans les années qui viennent. Certains d'entre eux pourraient être constitués par l'emploi d'anticorps médicaments. Les chercheurs des Laboratoires Novartis Pharma sont en effet parvenus à mettre au point des anticorps, à 95 % humains, qui pourraient, en empêchant d'autres anticorps naturels de l'organisme d'agir, les immunoglobulines E, éviter l'apparition de certaines manifestations de l'allergie. Des études
effectuées en Scandinavie ont montré que ces anticorps (rhuMab-E25), peuvent atténuer les symptômes d'irritation chez les personnes présentant un rhume de nature allergique aux pollens de bouleau. Plusieurs études menées avec ces anticorps chez des malades atteints d'un asthme, ont également révélé que l'emploi de ces anticorps diminuait beaucoup la gêne respiratoire chez les asthmatiques. Il semble même qu'ils pourraient être utilisés avec une bonne sécurité chez les enfants. Malgré tout, ces anticorps ont l'inconvénient de nécessiter des injections intraveineuses et il est encore trop tôt pour savoir contre quelles formes d'asthme ils pourraient être les plus
bénéfiques. Quoi qu'il en soit, les pneumologues attendent beaucoup de cette nouvelle voie thérapeutique, car l'asthme concerne en France pas moins de 3,5 millions de personnes, ainsi que l'a révélé une enquête du Credes parue début avril 2000.
D'autres recherches portent sur des molécules modulant les effets de certaines substances, les interleukines, qui jouent un rôle important dans l'asthme par les effets pro-inflammatoires qu'elles engendrent. Pendant le dernier congrès de l Académie américaine de l'asthme, de l'allergie et de l'immunologie ,le Dr Jan Agosti, directeur médical de la firme Immunex, a ainsi rapporté de premiers résultats intéressants chez plusieurs patients asthmatiques avec une molécule capable de bloquer les effets de l'interleukine 4 en se liant avec elle. Cette molécule bloquante a été bien tolérée et elle a permis de diminuer les symptômes d'asthme et de limiter, chez les patients, le
déclin de la fonction respiratoire. Si ces données sont confirmées, les chercheurs espèrent que cette substance pourra constituer une alternative à lemploi de médicaments corticoïdes chez certains asthmatiques.
L'espoir d'un vaccin
A plus long terme, aussi curieux que cela puisse paraître, il n'est pas impossible que l'on
puisse mettre au point un vaccin contre l'asthme et d'autres maladies allergiques. Ainsi que l'a expliqué le Dr Arthur Krieg de l'Université de l'Iowa pendant ce congrès international, la démarche consiste à fabriquer de petites molécules à base d'ADN. En effet, ces substances ont la capacité de corriger certaines perturbations caractéristiques du système immunitaire retrouvées dans
les affections allergiques et d'atténuer par ce biais la production de substances inflammatoires. L'administration de ce type de vaccin à plus de 100 personnes ne semble pas avoir déclenché de réaction indésirable, ce qui constitue déjà un premier pas engageant. La prochaine étape consistera pour l équipe du Dr Krieg à mettre en place des études chez des patients atteints
d'asthme et de rhinite allergique pour tester l'efficacité de ce nouveau traitement à visée préventive.