Complications de la BPCO
La broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) entraîne des complications multiples : respiratoires bien sûr, mais aussi cardiovasculaires, musculaire, neurologiques... Loin d'être anodine, la BPCO est responsable de 3 millions de décès dans le monde chaque année.
Près de 90 % des broncho-pneumopathies chroniques obstructives sont liées au tabagisme. A ce titre, il est parfois difficile de dissocier les conséquences de la BPCO de l'intoxication tabagique, comme le confirme le Dr Gilles Jebrak, pneumologue au Groupe Hospitalier Bichat - Claude Bernard (Paris) : "Les conséquences de cette toxicité vont se traduire par une inflammation générale qui va être à l'origine de co-morbidités : complications cardiovasculaires, ostéo-articulaires, musculaire, neurologiques, voire psychiatrique".
BPCO : une maladie aux multiples conséquences
Mais les conséquences les plus visibles de la BPCO sont :
Complications BPCOEssoufflement : La fonction pulmonaire étant altérée, les muscles de la cage thoracique doivent suppléer à cette déficience en faisant un effort supplémentaire. Le diamètre des bronches et l'élasticité des poumons sont affectées, l'effort pour vider l'air de vos poumons est donc plus pénible. En cas de BPCO sévère, le risque est l'emphysème - défini par l'augmentation de volume (dilatation) des alvéoles pulmonaires avec destruction de leur paroi élastique, ce qui entraîne l'impossibilité pour elles de se vider complètement, à l'expiration, de l'air qu'elles contiennent. Enfin, l'essoufflement peut avoir comme origine un "déconditionnement physique", c'est-à-dire la diminution de vos activités physiques entraîne une moins bonne condition physique, qui elle-même va participer à une aggravation de l'essoufflement. Pour éviter ce cercle vicieux, la réhabilitation respiratoire conduite par des kinésithérapeutes constitue une aide importante ;
Gonflement des jambes : l'altération des vaisseaux qui entourent les bronches va entraîner une gêne de la circulation sanguine et une surpression qui va conduite à une diminution du tonus cardiaque, qui peut conduire à accumulation du sang au niveau des jambes ;
Augmentation des infections respiratoires et exacerbations : la diminution des défenses suite à l'exposition aux irritants bronchiques à l'origine de la BPCO (tabac dans la plupart des cas) et l'altération du "tapis mucociliaire" qui nettoie normalement les bronches sont à l'origine d'une augmentation des infections respiratoires. Lors de l'évolution de la BPCO, les signes cliniques peuvent augmenter (toux, crachats purulents, aggravation de l'essoufflement, fièvre...) suite à une infection : on parle alors d'exacerbations. Ces épisodes ne nécessitent généralement pas d'hospitalisation et sont suivis d'un retour à l'état respiratoire précédant l'exacerbation ;
Insomnie : En plus des effets secondaires de certains traitements qui peuvent altérer votre sommeil, les personnes atteintes de BPCO sont plus souvent sujettes à des apnées du sommeil (arrêt fréquent de la respiration qui altère la qualité du sommeil et peut causer des réveils nocturnes) ;
Altération du caractère : "Il y a un taux anormalement élevé de dépression chez le bronchopathe qui n'est pas uniquement lié à son handicap " précisait le Dr Gilles Jebrak. Culpabilisé par son tabagisme, les malades peuvent mal vivre leur handicap. Si l'on ajoute la fatigue et l'insomnie liées à la maladie, certains peuvent sombrer dans une dépression réactionnaire. A ce titre, le soutien psychologique doit faire partie intégrante de la prise en charge ;
Insuffisance respiratoire chronique et aiguë
La complication majeure de la BPCO est l'insuffisance respiratoire, qui traduit une incapacité ou une diminution des capacités du poumon d'assurer une oxygénation normale du sang et des organes ainsi qu'une élimination du gaz carbonique.
Dans le cas d'une insuffisance respiratoire chronique, le taux d'oxygène dans le sang est insuffisant (hypoxémie). Pour compenser ce manque d'oxygène, la respiration s'accélère et le cœur fournit un travail supplémentaire (cela peut se traduire par une dilatation des cavités droites du coeur - on parle alors de coeur pulmonaire chronique). En France, on estime que 40 000 personnes atteintes de BPCO dépendent d'une oxygénothérapie près de 16 heures par jour.
L'insuffisance respiratoire aiguë ou détresse respiratoire est une urgence vitale. L'essoufflement et le battement cardiaque excessif peut s'accompagner de troubles de la conscience voire d'un coma. Le manque brutal d'oxygène survient le plus souvent à l'occasion d'une exacerbation (elle-même liée à une infection respiratoire). Le traitement va s'attaquer à la cause (antibiotiques face à l'infection) et va nécessiter le recours à une machine pour suppléer le manque en oxygène si le malade ne peut répondre aux besoins minimum de l'organisme. Concrètement, le malade sera intubé et ventilé pendant quelques heures à quelques jours.
Luc Blanchot