Pourquoi faut-il bien suivre son traitement jusqu'au bout ?
La France reste un des pays les plus consommateurs de
médicaments en Europe avec une moyenne annuelle de 48 boîtes de médicaments par habitant
1, dont 40% reviennent aux plus de 60 ans.
2 Selon l’Institut canadien d’information sur la santé, au Canada les médicaments sont seconds au classement des dépenses de santé.
3Ces données sont intéressantes car elles nous révèlent l’importance des substances médicamenteuses dans les sociétés modernes. Bien qu’ils soient intrigants, ces éléments chiffrés nous informent sur les ventes mais pas sur l'
utilisation des traitements.
Comment les médicaments sont-ils consommés ?
Cette question soulève un problème majeur de santé publique, puisqu’une
mauvaise observance médicamenteuse entraîne des risques chez le patient et représente un certain coût, c’est pourquoi il est important de
bien suivre son traitement jusqu’au bout."Docteur, j’ai peur de suivre un traitement"Un traitement médical peut faire peur, surtout lorsqu’il est d'une durée indéterminée, c’est le cas des personnes atteintes de
maladies chroniques comme l’
hypertension artérielle, les troubles
cardio-vasculaires, le
diabète… Les réactions du patient face au médicament sont diverses et peuvent également dépendre de la confiance que ce dernier accorde à son médecin. Les effets secondaires, la composition et la fabrication des génériques, les risques d’interactions médicamenteuses, l’acceptation et la compréhension de la maladie sont autant de réalités légitimes auxquelles le patient doit faire face.
Relation patient professionnel de santé : rien de mieux que la transparence Douter et s’inquiéter sont des phénomènes normaux, la raison pour laquelle il est important de dialoguer, de questionner, de communiquer avec votre professionnel de santé.
Quelques soient les raisons d’accepter ou le refuser le traitement, le choix appartient au patient, c’est à lui que revient la décision finale. Ce qu’il y a de plus important, c’est d’être sûr de vouloir prendre ce traitement. Moins vous aurez confiance en votre traitement, moins vous serez rigoureux sur la prise. |
Il est primordial de s’exprimer concrètement et en toute transparence sur vos impressions, sur ce qui vous pose problème et sur votre ressenti face au traitement avec votre médecin. Si vous avez des doutes ou que les effets indésirables sont gênants, parlez-en rapidement. L’échange et le dialogue ne vous seront que bénéfiques. Informez votre professionnel de santé si vous présentez d’autres soucis de santé : allergies, infections ou si vous avez pris n’importe quels autres médicaments en
automédication, même si cela vous paraît anodin.
Mauvaise observance thérapeutique : conséquences néfastesLa
compliance ou plutôt l’
observance thérapeutique se définit dans le comportement qu’aura le patient vis-à-vis de sa prescription. Ainsi, on évaluera la rigueur du suivi du traitement dans :
- sa posologie,
- ses horaires de prise,
- les règles d’hygiène et de diététique,
- le respect de la durée du traitement.
Une personne qui oublie :
- de prendre ses médicaments au moins une fois par semaine,
- dont les horaires de prise sont trop décalées,
- n’associant pas le bon régime alimentaire s’il le faut,
- ne renouvelant pas son ordonnance en temps voulu,
- n’honorant pas ses rendez-vous réguliers si besoin avec son professionnel de santé,
est une personne manquant d’observance susceptible de mettre en péril son état de santé.
Selon le rapport de l’OMS
4, dans les pays développés la rigueur de l’
observance médicamenteuse n’est valable que pour 50 % des malades chroniques, ce faible taux le serait encore plus dans les pays en voie de développement. Or, pour qu’un traitement soit efficace, il vaut mieux faire preuve d’observance. Dans le cas contraire, on remarque une diminution et une nuisance de la qualité de vie du patient tout en aggravant les risques de la maladie. De plus, en cas d’infection il y a de fortes possibilités de contaminer son entourage si le traitement n’a pas été suivi jusqu’au bout.
Lorsque la maladie ne présente pas de symptômes, c’est le cas de l’hypertension artérielle par exemple, le patient a plus de mal à accepter la mise sous traitement et il ne va pas strictement le respecter, il pourrait alors amplifier dangereusement son état de santé.
Traitement médicamenteux et morbidité
- 70 % des personnes diabétiques ne suivent pas correctement le régime alimentaire associé à leur maladie et 50 % oublient de prendre leur médicament au moins une fois par semaine5. Un mauvais suivi de la personne diabétique entraîne des complications tels que le rétrécissement des artères ou encore une acidocétose diabétique valable pour le diabète de type 1 (fixation du glucose dans le sang), un état hyperosmolaire concernant le diabète de type 2 (accumulation du glucose dans le sang). Considérés comme des priorités médicales, ces cas peuvent être fatals et nécessitent une hospitalisation d’urgence.
- Une personne présentant de l’hypertension artérielle et qui décide d’arrêter brusquement son traitement car elle ne remarque pas la différence entre son état de santé avec ou sans celui-ci, verra sa pression artérielle augmenter et s’expose à un risque important d’AVC (accident vasculaire cérébral) ou d’infarctus.
- La pharmacorésistance c’est la capacité d’une bactérie à se défendre contre un traitement.
Selon l’organisation mondiale de la santé (OMS), la mauvaise observance fait partie des causes les plus importantes du phénomène de la pharmacorésistance6.
La mauvaise utilisation des antimicrobiens en surdosage, en sous dosage, par intermittence, est à l’origine de la pharmacorésistance. Alors ne pas respecter son traitement revient à fortifier l’attaque des bactéries pathogènes (= nuisibles à l’organisme).
Santé et législationLe terme traitement se définit par l’action de traiter signifiant soigner. Le professionnel de santé procure un traitement au patient s’il juge que son état de santé le nécessite. Selon le code de la santé publique, sa prescription devrait s’effectuer en connaissance de cause à partir d un diagnostic précis afin d’évaluer si elle correspond à la pathologie ou aux troubles présentés par le patient.
En théorie, l’ordonnance n’est pas libre du prescripteur mais limitée par la législation du code de la santé publique. Avec l’évolution de la mise sur le marché des nouveaux traitements médicamenteux, le médecin est tenu à une réglementation stricte notamment pour éviter toutes interactions médicamenteuses. Cette réglementation concerne les médicaments génériques, les médicaments avec prescription particulière, les médicaments relevant ou non d’une autorisation sur le marché (AMM). La Haute Autorité de Santé a mis en place un protocole pour guider les professionnels de santé dans leur pratique.
Le pharmacien est tenu par loi de respecter l’ordonnance du professionnel de santé prescripteur indiquant l’interdiction de la substitution ou du générique.