Nouvelle piste pour diagnostiquer le cancer du poumon : la température du souffle
Dr Isabelle Catala
Auteurs et déclarations15 septembre 2014
Munich, Allemagne — L’analyse de la température de l’air expiré pourrait devenir un outil diagnostic en onco-pneumologie comme en témoigne une étude italienne présentée à l’occasion du congrès de
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]par le
Pr Giovanna Elisiana Carpagnano (Foggia, Italie) [1].
Proposer un moyen de diagnostic non invasif Interrogée par Medscape.fr, le Pr Carpagnano explique : « en se fondant sur une cohorte de 82 patients consécutifs présentant une lésion pulmonaire suspecte à la radiographie, nous avons pu prouver que la température de l’air expiré – mesurée avec le dispositif X-halo (Delmedica) – est plus élevée chez les patients atteints de cancer du poumon non à petites cellules que chez les témoins ».
Des études préliminaires avaient déjà montré que chez l’animal la température de l’air exhalé est plus élevée en cas de cancer, phénomène qui pourrait s’expliquer par la néovascularisation et l’état inflammatoire.
Le but de ce travail était de pouvoir proposer aux patients un moyen de diagnostic non invasif du cancer du poumon qui soit couplé avec un simple examen radiographique. Actuellement, la seule option de dépistage proposée dans ce contexte reste la réalisation d’un examen par tomodensitométrie, ce qui est difficilement imaginable à l’échelle d’une population – même sélectionnée. Pour le Pr Carpagnano « si nous pouvons démontrer sa fiabilité et améliorer cet outil, il deviendrait possible de proposer un test simple, non stressant, peu onéreux et peu invasif des cancers du poumon ».
Température sous influence Les 82 patients inclus dans l’étude présentaient tous une image radiologique suspecte. Ils ont été explorés par les examens habituels et ils se sont aussi prêtés à une mesure de la température de l’air expiré. Au total, 40 patients présentaient un cancer du poumon non à petites cellules et 42 autres des lésions qui ont été qualifiées de bénignes. « Les 42 témoins étaient en majorité des fumeurs, des anciens fumeurs ou des personnes souffrant de BPCO », a précisé à Medscape.fr le Pr Carpagnano.
Les auteurs ont expliqué que chez les personnes atteintes de cancer la température de l’air expirée était significativement plus élevée que celle des témoins. Mais aucun chiffre n’a été dévoilé. Il semblerait que deux facteurs influent sur les chiffres retrouvés : la consommation globale de tabac estimée en paquet années et le stade du cancer. Pour ces chercheurs italiens, la méthode proposée serait sensible et spécifique, bien que perfectible.
Interrogée par Medscape.fr, le Pr Campagnaro précise que « d’autres états pulmonaires inflammatoires – la BPCO ou l’asthme par exemple – peuvent majorer la température de l’air expiré puisque la chaleur est l’un des signes cardinaux de l’inflammation ». Cette étude préliminaire devrait maintenant être suivie d’autres travaux afin de déterminer des seuils spécifiques de température de l’air expiré en fonction des pathologies pulmonaires.