Une nouvelle piste contre l’asthme
Mardi 5 mai, c’est la Journée mondiale de l’asthme. Des scientifiques ont trouvé un nouveau traitement contre cette inflammation chronique des poumons
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Santé Mardi 5 mai, c’est la Journée mondiale de l’asthme
Des chercheurs ont trouvé un nouveau médicament contre cette inflammation des poumons
Comment soigner
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] cette inflammation chronique des poumons qui touche 10% des enfants et 7% des adultes dans les pays développés? Dans cette maladie, dont on célèbre ce mardi la journée mondiale, les bronches rétrécissent sous l’effet de différents stimuli, ce qui empêche la personne de respirer. Actuellement, la prise en charge de l’asthme consiste à diffuser dans les poumons deux produits, un corticoïde qui réduit l’inflammation, c’est-à-dire l’irritation et la sécrétion de mucus dans les bronches, et un autre médicament qui décontracte ces dernières. La découverte d’un facteur moléculaire commun à ces deux phénomènes permet d’envisager un autre traitement pour cette pathologie. «Cette approche est basée sur l’identification d’une nouvelle cible, ce que l’on cherchait désespérément depuis des années», souligne Michel Aubier, professeur de pneumologie à l’Université Paris Diderot.
C’est la contraction de certains muscles autour des bronches qui réduit fortement la capacité respiratoire des asthmatiques. Elle est due à une élévation anormale du calcium au sein des cellules qui composent ces muscles. Des chercheurs de l’Université de Cardiff, du King’s College de Londres au Royaume-Uni et de la Clinique Mayo à Rochester aux Etats-Unis ont identifié une protéine responsable de cette élévation, appelée récepteur senseur de calcium, ou CaSR. Ils ont découvert que les cellules musculaires des bronches des asthmatiques possédaient trois fois plus d’exemplaires de ce récepteur, ce qui les rend beaucoup plus réactives. Parallèlement, il s’avère que le récepteur CaSR est activé par plusieurs substances connues pour déclencher des crises d’asthme, comme les allergies, la fumée de
, la pollution ou certains virus. Les chercheurs ont montré que l’histamine, libérée par le système immunitaire lors des allergies, active aussi le CaSR et donc les cellules musculaires des bronches. «Pour la première fois, nous avons pu établir un lien entre l’inflammation et la contraction des bronches», souligne la professeure Daniela Riccardi, de l’Université de Cardiff, qui a dirigé ces travaux.
Des travaux antérieurs ont déjà montré que des métaux lourds tels que le plomb, le cadmium ou le nickel, présents dans l’air pollué des villes ou la fumée de
, stimulent également ce récepteur. Ses multiples sensibilités expliqueraient pourquoi des facteurs aussi différents que la fumée de tabac, le virus du rhume ou une allergie au pollen peuvent déclencher de l’asthme. Mieux, les chercheurs ont trouvé que certaines cellules immunitaires très présentes dans les poumons des asthmatiques portaient également le récepteur CaSR. Cela les rend également sensibles à ces différents facteurs et fait qu’elles renforcent la contraction des bronches.
Dès lors, en bloquant le CaSR, on peut envisager un traitement unique ciblant à la fois l’inflammation et la contraction des bronches. Pour le montrer, des chercheurs ont utilisé des produits appelés calcilytiques capables de bloquer ce récepteur. Ils montrent dans la revue Science Translational Medicine que, chez la souris, les calcilytiques diffusés dans les poumons réduisent nettement la contraction des bronches et leur inflammation. De plus, ces produits ont déjà été testés chez l’homme par voie orale pour d’autres indications et n’ont présenté aucun effet indésirable notable, ce qui rend les chercheurs optimistes pour l’avenir. «Un nouveau médicament est peut-être enfin à notre portée pour l’asthme», se réjouit Daniela Riccardi.
Cette spécialiste du métabolisme du calcium a déjà déposé avec ses collègues du King’s College de Londres un brevet pour un traitement éventuel par des calcilytiques. Plusieurs étapes restent néanmoins à franchir avant la commercialisation d’un nouveau traitement. Il faudra notamment mettre au point une formule facilement absorbable par voie pulmonaire, vérifier son innocuité chez l’homme puis le type d’asthme susceptible d’être soigné, ce qui va prendre encore plusieurs années.
Les calcilytiques offrent aussi une piste de recherche inédite aux chercheurs et à l’industrie pharmaceutique pour le traitement d’une autre maladie des poumons, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Cette lente et inexorable destruction du tissu pulmonaire, due principalement à la fumée de
, cause plus de 3 millions de décès dans le monde, soit douze fois plus que l’asthme sévère. Actuellement sans remède ni véritable traitement, la BPCO devrait devenir la troisième cause de mortalité dans le monde en 2030, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), derrière les maladies cardiovasculaires et les cancers.
On peut envisager un traitement ciblant à la fois l’inflammation et la contraction des bronches