Femmes et tabac : les BPCO en hausse
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]La BPCO, maladie des fumeurs… et des fumeuses : aujourd’hui en France, 40 % des malades sont des femmes ! Une maladie chronique des bronches encore méconnue et largement sous-diagnostiquée
Le chiffre est sans appel : 80 % des BPCO (broncho-pneumopathie chronique obstructive) sont dues au tabagisme. En 2005, cette maladie des bronches, chronique et évolutive, touchait 3,5 millions de Français, dont 40 % de femmes. Dans le monde, la mortalité par BPCO devrait doubler en 2020 par rapport à 1990, devenant ainsi la troisième cause de mortalité (source : Etat des lieux de la BPCO en 2005, Philippe Godard et Christos Chouaid, Fédération française de pneumologie). Une hausse principalement due à l’augmentation du tabagisme, notamment chez les femmes.
Les femmes fument de plus en plus, elles sont donc progressivement plus nombreuses à contracter une BPCO. En France, alors que la proportion de fumeurs réguliers a baissé depuis les années 1960, celle de fumeuses régulières a augmenté, passant de 10 % à 22 %. En parallèle, alors que, sur la période 1979-1999, le taux de mortalité par BPCO a diminué chez les hommes (- 0,7 % par an), il a augmenté chez les femmes (+ 1,4 %) (source : Institut national de veille sanitaire).
Les femmes, plus durement touchées par la BPCO
Plus sensibles aux méfaits du tabac, les femmes subissent une altération de la fonction respiratoire plus rapide que les hommes. « Certains travaux comparent l’impact du tabac chez les adolescents, et montrent que le tabac freine davantage le développement pulmonaire chez les jeunes filles, indique le Dr Camille Taillé, pneumologue à l'hôpital Bichat à Paris. La mesure du souffle chez les filles tabagiques indique des atteintes respiratoires plus importantes que chez les garçons, à tabagisme égal. »
Conséquence : en fumant autant, voire moins, les femmes vont sans doute développer une BPCO plus tôt. Une étude menée en 2007 indique ainsi que les femmes développent la BPCO en moyenne à 57 ans, contre 67 ans chez les hommes… tout en fumant moins : 48 paquet-années contre 69 (le paquet-année est une unité de mesure conventionnelle mesurant la consommation cumulée de tabac par un fumeur. Cela correspond à la consommation de 20 cigarettes par jour pendant une année. Ex : un fumeur de 40 ans fumant dix cigarettes par jour depuis 20 ans = 10 paquet-années).
Limitation accrue des activités physiques, anxiété, isolement, perte de confiance en soi voire dépression… La broncho-pneumopathie chronique obstructive pourrait être plus lourde à porter pour les femmes, psychologiquement et socialement. Ainsi, les troubles anxieux seraient 1,5 fois plus fréquents chez les femmes souffrant de BPCO que chez les hommes.
La BPCO féminine, longtemps sous-diagnostiquée
La BPCO a longtemps été considérée comme une "maladie d’homme", d’où un sous-diagnostic chez la population féminine. Crachats, toux, essoufflement… Face à ces symptômes, 75 % des hommes seraient diagnostiqués comme atteints d’une BPCO, contre 50 % chez les femmes, pour lesquelles on attribuera plus volontiers ces signes à de l’asthme (chiffres communiqués par le Dr Elisabeth Biron, pneumologue, hôpital privé Jean Mermoz à Lyon).
De plus, celles-ci n’osent pas toujours donner le détail de ces maux à leur médecin. « Outre des conséquences médicales, la BPCO pose un problème d’image de soi et de stigmatisation sociale, souligne le Dr Elisabeth Biron. Le regard des autres sur les conséquences de la maladie est mal vécu chez les femmes. Aussi, les femmes disent moins qu’elles crachent et qu’elles toussent, les symptômes les plus dégradants à leurs yeux. Elles se culpabilisent davantage de leur tabagisme. »
Or, les dommages causés par la BPCO sont quasi irréversibles. Seuls un dépistage précoce et le traitement (dont le sevrage tabagique) peuvent en stopper la progression. On estime aujourd’hui que deux malades sur trois s’ignorent et, du fait de ce sous-diagnostic, il pourrait s’agir principalement… de femmes.
Auteur:
Sophie Aristondo