Vers un vaccin universel contre la grippe ?
Le virus de la grippe change chaque année, et le vaccin doit donc d'adapter. Mais de nouvelles recherches pourraient aboutir à la mise au point d'un vaccin antigrippal protecteur contre de nombreuses souches. Le vaccin universel contre la grippe est-il pour demain ?Sommaire
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Comment disposer d'un vaccin "universel" contre la grippe, d'un protection qui resterait efficace quelles que soient les mutations du virus ? Plusieurs équipes travaillent sur un tel projet et deux récentes études offrent aujourd'hui un réel espoir.
Les variations du virus de la grippe
Le virus de la grippe évolue en permanence, ce qui implique le développement chaque année d'un nouveau vaccin
1. Actuellement, les vaccins contre la grippe saisonnière induisent la production d'anticorps dirigés contre des régions de l'hémagglutinine (HA), qui représente environ 40 % des glycoprotéines de surface du virus. Ce sont les changements rapides de cette protéine qui rendent obligatoire le développement de nouveaux vaccins chaque année.
Schématiquement, un réseau international de biosurveillance collecte des échantillons des virus en circulation et les transmettent aux laboratoires de référence de l'Organisation mondiale de la santé. Lorsqu'une nouvelle souche est identifiée, les experts prédisent quelle souche de virus sera répandue au cours de la prochaine saison.
Les virus de la grippeLes virus de la grippe appartiennent à la famille des Orthomyxoviridae et au genre Influenzavirus, dont il existe trois types A, B et C. Les virus de type A et B sont responsables des épidémies grippales annuelles, mais seuls les virus de type A sont à l'origine des pandémies grippales. Le virus de type C semble lié à des cas sporadiques.
Les virus de type A sont les plus fréquents et les plus virulents ; on en distingue plusieurs sous-types sur la base de leurs antigènes de surface, l'hémagglutinine (H1 à H16) et la neuraminidase (N1 à N9). Cela donne donc 144 combinaisons possibles, mais pour la grippe saisonnière, les virus impliqués se résume à H1, H2, H3 et N1 ou N2 responsables de la grippe annuelle. Chez les oiseaux, tous les sous-types existent avec des pathogénécités variables. On se rappelle du virus de la
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Le "virus de l'année" est ensuite envoyé à des entreprises de médicaments pour qu'elles développent un vaccin capable de le combattre. Ce processus implique la préparation de la souche vaccinale (ou virus vaccinal, la version affaiblie du virus) et sa multiplication dans des oeufs de poule. Le processus de la production et du développement reste relativement long, et le principal risque est de voir émerger une nouvelle mutation alors qu'on est en train de développer un vaccin. Ces souches subissent une légère mutation chaque année, et changent radicalement tous les 30 ans approximativement.
Enfin, la protection offerte par le vaccin n'est pas totale. Par exemple en 2004-2005, l'efficacité du vaccin antigrippal a été rétrospectivement évaluée à 38 % chez les plus de 65 ans et 63 % chez les moins de 65 ans
2. Ce qui correspond approximativement à une réduction de moitié du risque de contracter la grippe seulement.
La recherche d'une protection universelle contre la grippe
Des chercheurs de l'institut américain des allergies et des maladies infectieuses ont utilisé une technique novatrice pour obtenir un vaccin universel à large spectre
3.
Contrairement aux vaccins traditionnels qui ciblent la tête de l'hémagglutinine, ils ont ciblé la base de cette protéine, beaucoup plus stable. Le schéma vaccinal s'est fait en deux étapes selon la technique du "prime boost" qui repose sur l'utilisation d'un duo de vaccins, réalisé en deux étapes :
- Dans un premier temps, l'injection d'un morceau d'ADN codant pour la protéine HA (la tige de l'hémagglutinine) du virus de 1999 a permis d'activer le système immunitaire ;
- Dans un second temps, l'administration d'un vaccin de grippe saisonnière (de 2006-2007) ou d'un vaccin créé à partir d'un adénovirus codant pour la protéine HA permet de relancer le système immunitaire.
- TestTestée sur des souris, des furets et des singes, cette stratégie a stimulé la synthèse d'anticorps non seulement contre les souches postérieures à 1999, mais également contre une souche grippale datant de 1934. De plus, bien que le vaccin ait été conçu à partir de sous-types H1 des virus A, il s'est avéré efficace contre la [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien].
Dans une autre série d'expériences, les chercheurs ont voulu évaluer la protection de ce vaccin contre des doses mortelles de virus de la grippe. Trois semaines après l'injection, 20 souris ont été exposées à des doses mortelles de virus grippaux de 1934. Résultat : 80 % ont survécu (contre aucune de celles qui n'avaient pas reçu les deux injections). "Nous sommes très excités par ces résultats. L'approche prime-boost permet d'envisager une vaccination contre la grippe proche de celle contre l'hépatite, dans laquelle on débute la vaccination dans la petite enfance et on stimule ensuite l'immunité grâce à des injections additionnelles à l'âge adulte" déclare le Dr Nabel, responsable de l'étude.
Les vaccins à ADNLes vaccins à ADN nu font partie des voies de recherche prometteuse en vaccinologie. Contrairement aux vaccins classiques, il ne s'agit plus d'injecter des antigènes seuls ou portés par une bactérie, un virus ou une protéine, mais d'introduire directement dans certaines cellules de l'organisme (les cellules musculaires en l'occurrence) le gène codant pour l'antigène vaccinal. Résultat : l'ADN pénètre dans la cellule qui va synthétiser elle-même l'antigène. Simple et peu coûteuse, cette technique a plusieurs avantages, dont celui d'offrir une production d'antigènes, et donc une protection, durables. Cela permet également d'éviter le risque d'infection post-vaccinale pour les individus immunodéprimés, un risque qui existe avec les vaccins vivants atténués. Il reste cependant à s'assurer de l'innocuité d'une telle procédure, notamment à évaluer le risque d'intégration de l'ADN dans les cellules de l'organisme.
Sources :Pasteur.fr
Une autre étude rapporte le cas d'individus vaccinés contre différents virus grippaux de sous-types H1 et H3, qui ont développé des anticorps contre d'autres sous-types dont H5, qui compte dans ses rangs la grippe aviaire tant redoutée. Ces anticorps avaient pour cible l'hémagglutinine (HA), mais là encore une partie plus stable de la protéine. Testé in vivo chez des souris, quatre de ces anticorps ont permis de les protéger contre différents sous-types. Bien que ces anticorps protègent la souris contre des virus grippaux d'origine porcine H1N1 ou plusieurs virus H5N1, les auteurs notent que de plus amples études seront nécessaires : d'une part pour déterminer si ces individus produisent suffisamment d'anticorps pour les protéger contre différents sous-types grippaux et d'autre part, pour savoir comment la vaccination peut si besoin promouvoir cette production d'anticorps.
Si ces deux études témoignent du dynamisme de la recherche dans cette quête d'un vaccin universel contre la grippe, elles ne sauraient représenter la totalité des pistes envisagées. Ainsi, certaines équipes s'intéressent à d'autres parties du virus grippal (notamment une protéine M2 également présente à la surface du virus
5) ou à la mise au point de nouveaux adjuvants. Rappelons que l'enjeu est de taille : la grippe est responsable chaque année de 250 000 à 500 000 décès, dont 2000 à 7 000 en France.
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