Il existe un excès très net de risque d'asthme de novo chez les femmes qui ont eu une modification de leur statut ménopausique, selon les résultats de l'étude épidémiologique RHINE.
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Jusqu'à présent les données fiables concernant le rapport existant entre le statut ménopausique des femmes et l'apparition d'un asthme
de novo étaient rares et controversées. C'est pourquoi les résultats de l'étude RHINE (Respiratory Health in Northern Europe) sur ce thème étaient très attendus car il s'agit d'un travail épidémiologique de grande envergure qui a inclus sept centres dans des pays d'Europe du Nord (Norvège, Suède, Danemark, Islande, Estonie). Près de 5500 femmes issues de la population générale ont participé en répondant à deux questionnaires par voie postale : le premier au début de l'étude, les femmes ayant alors un âge médian de 44 ans, et l'autre 12 ans plus tard. Les patientes asthmatiques ou ayant des problèmes respiratoires ont été exclues, de même que celles qui prenaient une substitution hormonale.
Dans cette étude, l'apparition d'un asthme était définie par l'utilisation courante d'un médicament anti-asthmatique et/ou la survenue d'une crise d'asthme au cours des 12 mois précédents. Un score de symptômes respiratoires recensant les épisodes de dyspnées et de sifflements a aussi été analysé. Le statut de la ménopause était défini par quatre stades : pas de ménopause, transition, ménopause précoce et ménopause tardive.
Un risque doublé
Au cours du suivi de l'étude, les auteurs ont retrouvé un excès très net de risque d'asthme
de novo chez les femmes qui ont eu une modification de leur statut ménopausique, que la ménopause soit précoce ou tardive : stade de transition (OR, 2,40 ; 95 % CI, 1, 09-5,30), ménopause précoce (OR, 2,11 ; 95 % CI, 1,06-4,20) et ménopause tardive (OR, 3,44 ; 95 % CI, 1,31-9,05).
Le risque d'apparition de symptômes respiratoires est aussi augmenté après la ménopause. Les auteurs ont également pris en compte l'indice de masse corporel et ont mis en évidence un risque élevé d'asthme chez les femmes en surpoids.
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Chantal Raherison, pneumologue au CHU de Bordeaux : "Il y a des récepteurs hormonaux à l'estrogène et à la progestérone qui existent au niveau de la muqueuse bronchique."
L'impact de la ménopause sur la santé respiratoire était déjà bien connu dans le cadre de la BPCO avec une méta-analyse sur plus de 55000 patients. L'étude RHINE apporte cette fois des preuves solides dans l'asthme avec un risque doublé par rapport aux femmes non ménopausées. Pour les auteurs de l'étude, les implications sont évidentes : "Les professionnels de santé doivent être conscients que les femmes sont plus susceptibles de souffrir d'asthme et de symptômes respiratoires quand elles deviennent ménopausées."
D'après un entretien avec le Pr Chantal Raherison, pneumologue au CHU de Bordeaux.