BPCO sévère : intérêt de la VNI à domicile à long terme !
Estelle B. Estelle B.
La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est responsable chaque année en France de 100 000 hospitalisations et occasionne près de 17 500 décès. Parmi les traitements utilisés, les techniques d’assistance respiratoire occupent une place importante. Une récente étude confirme l’intérêt de la ventilation non invasive sur le long terme chez les patients atteints de BPCO sévère.
Atteinte BPCO
Respiration et ventilation assistée
En temps normal, le phénomène naturel de la respiration assure le renouvellement de l’oxygène au cours de l’inspiration et l’évacuation du gaz carbonique au cours de l’expiration. Lorsqu’un patient présente des difficultés respiratoires, cette capacité de ventilation est plus ou moins altérée et une ventilation artificielle peut être nécessaire.
La ventilation artificielle assiste partiellement ou totalement le travail respiratoire du patient et améliore les échanges gazeux entre les poumons et le milieu extérieur. Cette technique d’assistance respiratoire remplit deux objectifs :
Améliorer les taux d’oxygène et de gaz carbonique dans le sang (les gaz du sang) ;
Diminuer l’effort des muscles respiratoires.
Deux types de ventilation artificielle peuvent être prescrits en fonction de l’état de santé du patient :
La ventilation non invasive, souvent notée VNI, assurée par un ventilateur (ou respirateur), un circuit de circulation des gaz et une interface entre le système et le patient (masque nasal, embout buccal et/ou nasal) ;
La ventilation invasive nécessite l’utilisation d’une canule trachéale, mise en place au cours d’une trachéotomie (ouverture chirurgicale de la trachée).
La ventilation non invasive peut être indiquée dans de nombreux contextes, où le taux de gaz carbonique dans le sang est trop élevé, indiquant une ventilation naturelle insuffisante :
Toutes les causes d’insuffisance respiratoire ;
La BPCO (Bronchopneumopathie Chronique Obstructive), notamment les exacerbations aigües ;
L’asthme ;
La mucoviscidose, dans l’attente d’une greffe pulmonaire ;
L’œdème aigu du poumon (affection pulmonaire liée à l’accumulation de liquide dans les poumons) ;
Une pneumonie sévère ;
En cas de traumatisme grave de la cage thoracique ou d’acte chirurgical dans cette zone ;
En phase terminale de pathologies graves.
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Ventilation non invasive et BPCO
Dans la BPCO, la ventilation non invasive (VNI) est utilisée généralement dans deux contextes cliniques :
Une exacerbation aigüe de la maladie ;
Les stades sévères, lorsque la maladie entraîne une insuffisance respiratoire importante.
La VNI peut être pratiquée, soit en milieu hospitalier, soit à domicile.
À savoir ! Cinq stades de BPCO sont définis en fonction du degré d’obstruction bronchique, par la classification GOLD reconnue au niveau international :
Stade 0 : Risque d’obstruction bronchique ;
Stade I : Obstruction bronchique légère ;
Stade II : Obstruction bronchique modérée ;
Stade III : Obstruction bronchique sévère ;
Stade IV : Obstruction bronchique très sévère.
De récentes études ont montré que la VNI à domicile, prescrite aux patients atteints de BPCO et ayant un taux sanguin anormalement élevé de gaz carbonique, pouvait réduire le nombre d’hospitalisations et la mortalité. Les patients ayant bénéficié de la VNI ont également noté une nette amélioration de leur qualité de vie.
Une étude menée en 2014 sur 195 patients atteints de BPCO de stade IV a montré que les patients traités par VNI à domicile ont une mortalité réduite par rapport aux patients suivant un traitement standard (11,8 % contre 33,3 % de mortalité respectivement).
Une autre étude a mis en évidence que les patients traités par ventilation non invasive à domicile après une hospitalisation pour exacerbation ont un meilleur taux de survie et un moindre risque d’être à nouveau hospitalisé (40 % de ré-hospitalisations contre 75 % dans le groupe non traité).
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Un intérêt sur le long terme
Malgré ces études, les spécialistes restaient partagés sur l’intérêt de la ventilation non invasive à long terme dans la BPCO, alors que son utilisation ponctuelle fait l’unanimité. Une étude parue en mai 2017 vient cependant confirmer l’intérêt de cette thérapie.
Les chercheurs ont analysé les dossiers de 116 patients atteints d’une BPCO sévère, avec un taux sanguin de gaz carbonique trop élevé. L’utilisation de la VNI à domicile sur ces patients permet de diminuer de 17 % le taux de ré-hospitalisation et la mortalité au cours des 12 mois suivant la mise en place de la VNI. En revanche, une amélioration de la qualité de vie n’est observée qu’après 3 mois de VNI.
Si plusieurs études mettent en évidence l’intérêt de la VNI à domicile sur le long terme chez les patients atteints de BPCO sévère, les mécanismes précis restent à élucider. Les auteurs évoquent plusieurs hypothèses :
Une amélioration de la qualité du sommeil ;
Une diminution de la fréquence des exacerbations ;
De meilleures perceptions respiratoires du patient.
Des recherches complémentaires sont par ailleurs nécessaires pour évaluer quels équipements médicaux sont les plus efficaces.
A la lumière de ces études, la ventilation non invasive à domicile apparaît comme un élément important dans la prise en charge des patients atteints de BPCO. Elle pourrait être particulièrement intéressante pour certains profils de patients, présentant :
Des taux très élevés de gaz carbonique dans le sang ;
Des troubles du sommeil (apnée du sommeil) associés à la BPCO ;
Une motivation et une compréhension de l’intérêt de cette thérapie.