BPCO départements d'Outre Mer et la Métropole

BPCO: Des différences difficiles à expliquer entre les départements d'Outre Mer et la Métropole


Un grand nombre d’études épidémiologiques ont mis à jour des différences quant à l’incidence et à la prise en charge de diverses maladies chroniques entre la France métropolitaine et les départements d’outre-mer. De multiples hypothèses sont avancées pour expliquer cet état de fait qui concerne tout autant l’organisation des soins que certaines spécificités locales. Concernant la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), les disparités constatées paraissent plus difficiles à interpréter.


Des chercheurs de l’Institut de veille sanitaire et de l’INSERM viennent récemment de publier des données sur le sujet dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire. Leur propos était de comparer les taux d’hospitalisation et de mortalité liés à l’asthme et à la BPCO dans l’hexagone, aux Antilles et à la Réunion. Il apparaît que cette dernière connaît, concernant la BPCO, une situation très particulière : la Réunion a des taux d’hospitalisation et de mortalité bien plus élevés qu’en métropole, tandis que les Antilles connaissent des taux très inférieurs. Ainsi, les hospitalisations pour BPCO (chez des adultes de 45 ans et plus) atteignaient entre 2005 et 2007, 25,1/10 000 en métropole, quand elles culminaient à 33,3/10 000 à la Réunion et se limitait à 4,8/10 000 à la Guadeloupe et en Martinique. Si l’on observe la mortalité, des résultats concordants sont retrouvés. Ainsi, la maladie est à l’origine d’un taux de mortalité de 29,4/100 000 dans l’hexagone, contre 57,9/100 000 à la Réunion et 8,4/100 000 aux Antilles.



Comment expliquer de tels chiffres ? Existe-t-il à la Réunion une prévalence du tabagisme plus marquée qu’en métropole et aux Antilles ? Les données manquent mais celles existantes semblent plutôt plaider pour une tendance inverse : le nombre de décès liés au cancer du poumon est notamment inférieur de 20 % en Réunion à celui recensé dans l’hexagone. D’autres pistes devraient être explorées, tels des problèmes de classification qui pourraient entraîner des défauts de recensement dans certaines régions et des codifications en excès dans d’autres. Mais au-delà de ces hypothèses, les auteurs constatent l’absence d’informations fiables. « A notre connaissance, il n’y a pas de données disponibles sur la prévalence de la BPCO dans les DOM », concluent-ils.

Résumé Objectif – Cet article fournit les taux d’hospitalisation et de mortalité par asthme et BPCO à La Réunion et aux Antilles et les compare à ceux de France métropolitaine. Méthodes – L’analyse a concerné les séjours hospitaliers (PMSI) et les décès (CépiDc) survenus en 2005-2007. Les analyses ont été effectuées chez les personnes âgées de 2 ans ou plus, le diagnostic d’asthme étant difficile avant cet âge. Résultats – En 2005-2007, les taux d’hospitalisation pour asthme étaient plus élevés dans les DOM qu’en métropole. Les taux les plus élevés étaient observés aux Antilles pour les 2-44 ans et à La Réunion pour les adultes de 45 ans ou plus. Comparativement à la métropole, les taux d’hospitalisations pour BPCO étaient plus élevés à La Réunion et moins élevés aux Antilles. Les données de mortalité étaient concordantes avec les données d’hospitalisation. Toutefois, les faibles effectifs ne permettaient pas d’étudier les disparités régionales de mortalité pour les personnes âgées de moins de 45 ans. Conclusion – Les taux d’hospitalisation par asthme sont élevés dans les départements d’outre-mer, en rapport avec une prévalence plus élevée, mais également un moins bon contrôle de la maladie. Des efforts doivent être entrepris pour améliorer la prise en charge des personnes asthmatiques dans les DOM.