Tabagisme chez les jeunes : expérimentation en baisse, consommation quotidienne en hausse
La prévention de la Bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) passe principalement par une lutte contre le tabagisme. Ces actions doivent notamment cibler les populations les plus jeunes. Or, le bilan de ces dernières années, concernant la consommation de cigarettes chez les adolescents, apporte des résultats contrastés.
L’enquête sur la santé et les consommations lors de l’appel de préparation à la défense (ESCAPAD) menée en 2011 auprès de 27 402 adolescents âgés en moyenne de 17 ans révèle en effet que la proportion de jeunes ayant fait l’expérimentation du tabac est en baisse. Elle atteignait en effet 70,7 % en 2008, contre 68,4 % aujourd’hui. Cette baisse concerne plus certainement les garçons que les jeunes filles : ils étaient 70,5 % à indiquer avoir déjà essayé de fumer une cigarette en 2008 et ne sont plus que 66,9 % aujourd’hui. Les filles, pour leur part, sont toujours plus nombreuses que leurs homologues masculins à avoir fait l’expérience du tabac (69,9 % en 2011).
Si ces nouvelles peuvent apparaître encourageantes, ce caractère positif est néanmoins amoindri par la hausse du nombre d’adolescents déclarant fumer quotidiennement : ils sont 31,5 % aujourd’hui, contre 28,9 % il y a trois ans. En la matière, les garçons présentent le profil le plus à risque : 32,7 % d’entre eux consomment des cigarettes tous les jours contre 30,2 % des filles. Par ailleurs, on observe que la part d’adolescents concernés par une consommation considérée comme « intensive » de tabac demeure inchangé (7,7 % des jeunes interrogés) avec une probabilité toujours plus grande de trouver ce phénomène chez les garçons : 9,6 % sont concernés contre 5,8 % des filles, une proportion un tout petit peu plus faible qu’en 2008.
Ces résultats confirment la nécessité d’un renforcement des campagnes à destination des populations les plus jeunes, chez lesquels il semble que la prévention marque le pas.
Référence :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] , consulté le 22 mars 2012.
Le tabagisme chez les jeunes en France
L’industrie du tabac l’a compris depuis longtemps : « Les adolescents d’aujourd’hui sont les consommateurs réguliers potentiels de demain, et la très grande majorité des fumeurs commence à fumer à l’adolescence.» (Philip Morris, 1981).
On constate en effet que c’est à l’adolescence que la très grande majorité des fumeurs à long terme commence à fumer, avec un âge de la première cigarette situé en moyenne entre 11 et 12 ans, au moment de l’entrée au collège.
Avec 40% de fumeurs réguliers chez les 16-25 ans, la France est très touchée par le problème du tabagisme des jeunes.
La France : une mauvaise élève dans l’Union Européenne
Le tabac est la première drogue consommée par les jeunes Français : 26,3 % des jeunes de 15 ans sont des fumeurs réguliers.
Ce pourcentage place notre pays au 18ème rang européen (sur 27), avec un tabagisme chez les jeunes plus élevé qu’en Grèce, au Portugal ou en Pologne[1].
Ces chiffres sont d’autant plus dramatiques lorsque l’on sait que la moitié de ces jeunes ne parviendra pas à arrêter de fumer et qu’un quart d’entre eux (la moitié de ceux qui resteront fumeurs) mourra de son tabagisme.
Il existe pourtant une loi visant à limiter la consommation de tabac des jeunes en France, mais elle est très peu appliquée
Depuis 2004, il est interdit de vendre des produits du tabac aux mineurs de moins de 16 ans. Les débitants de tabac peuvent demander aux jeunes leur pièce d’identité afin de s’assurer de leur âge en cas de doute. Enfin, une affichette légale obligatoire signalant cette interdiction doit être apposée de façon visible.
Une mesure largement inappliquée…
Selon une étude coordonnée par le CNCT[2], 74 % des débitants de tabac acceptent de vendre un paquet de cigarettes à un jeune de moins de 16 ans. Parmi les jeunes ayant participé à l’enquête, 87 % des adolescents de 15 ans et 61 % des jeunes de 12 ans se sont vus accepter la vente de tabac.
… et donc, pour l’heure, inefficace sur la prévalence du tabagisme chez les jeunes
Les expériences étrangères montrent que pour que de l’interdiction de vente de tabac aux moins de 16 ans contribue à faire baisser le tabagisme chez les jeunes, le taux d’application de la loi doit être supérieur à 90 %.
Or à ce jour, seul ¼ des buralistes applique la loi. Cette dernière ne peut donc pas, en l’état, avoir d’impact sur la consommation des adolescents.
En 2009, l’interdiction de vente de tabac a été étendue aux mineurs de moins de 18 ans
Si cette mesure est indispensable, elle ne constitue pas une recette miracle et doit être combinée aux mesures efficaces connues, telles que les hausses de taxes, notamment.
Si les politiques menées en France pour lutter contre le tabagisme ont permis de faire baisser le tabagisme des jeunes de 17 ans de 33 % en 2005 à 28,9 % en 2008, l’engagement de l’Etat s’avère encore insuffisant, eu égard aux enjeux.
Actuellement, la seule consommation de cigarettes des mineurs de 13 à 15 ans équivaut à quatre fois le montant investi pour lutter globalement contre le tabagisme[