Maladies respiratoires chroniques : recommandations ERS sur la réhabilitation
Les principes de la réhabilitation respiratoires présentés en avant-première à l'ERS
Une nouvelle définition
La réhabilitation pulmonaire est une intervention individualisée mise en place en accord avec le patient et fondée sur un traitement qui peut inclure un réentrainement à l'effort et une éducation thérapeutique accompagnée de modifications comportementales. Cette approche a pour but d'améliorer la condition physique et émotionnelle des patients qui souffrent de pathologies respiratoires chroniques. Cette réhabilitation permet aussi de mettre en place des comportements qui améliorent la santé et qui seront adoptés à long-terme.
Cette approche se veut multidisciplinaire en impliquant des médecins, des kinésithérapeutes (en particulier des professionnels formés à la kinésithérapie respiratoire), des infirmières, des psychologues et spécialistes du comportement, des entraineurs sportifs, des nutritionnistes, des ergothérapeutes et des travailleurs sociaux.
Le but de la réhabilitation pulmonaire est de minimiser les symptômes de la maladie, des maximiser les performances à l'exercice, de promouvoir l'autonomie, de majorer la participation dans les activités quotidiennes, d'améliorer la qualité de vie en rapport avec la santé et de promouvoir des modifications comportementales à long terme qui améliorent la santé de façon globale.
Exercices en endurance et en force
Deux types d'exercices physiques ont été individualisés : l'endurance et la force physique. Ils sont complémentaires mais ne doivent pas être systématiquement réalisés au cours d'une même séance.
Endurance
Les séances d'endurance doivent être réalisées 3 à 5 fois par semaine. L'intensité optimale n'a pas été définie de façon formelle par des études, mais elle doit être supérieure à 60 % des capacités maximales (pouls à 220 - l'âge). La durée des séances doit être comprise entre 20 minutes au début et 60 minutes à terme. Il est possible de proposer un entrainement de type fractionné avec un effort intense sur 30 secondes à une minute entrecoupé d'une récupération d'une minute.
Force physique ou résistance
Remuscler les jambes - et en particulier les quadriceps - fait partie de la réhabilitation respiratoire en donnant au corps les moyens de pratiquer plus d'exercice au quotidien. Deux à trois séances par semaine sont nécessaires. Le poids choisi doit correspondre à 60 à 70 % de la force maximale en exercice unique (une seule poussée sur les jambes). Ce poids doit être soulevé 8 à 12 fois d'affilée une à trois fois au début de la prise en charge. Puis avec le temps, le nombre des séries doit être augmenté jusqu'à 6 à 12 et le poids majoré en fonction des capacités maximales de force.
Muscler les bras peut aussi être proposé mais aucun effet sur la fonction respiratoire n'a été prouvé.
En centre spécialisé ou à domicile
Idéalement, la réhabilitation respiratoire doit être pratiquée dans un centre spécialisé et équipé avec des machines d'entraînement. Mais ce n'est pas encore le cas dans tous les pays en raison de l'implication budgétaire d'une telle approche.
En salle et pour l'endurance, le vélo permet de bien doser l'effort et de suivre de façon automatique des indicateurs de vitesse, de pouls, de résistance… Certains peuvent préférer le tapis roulant dont les performances sont similaires au vélo en termes de réhabilitation.
La marche peut aussi être utilisée. C'est la marche nordique avec bâtons qui donne les résultats les plus satisfaisants en termes de réhabilitation : marcher une heure à 7 à 8 km/h (contre 4 à 5 pour la marche normale) trois fois par semaine est un objectif raisonnable et efficace.
Après un court apprentissage, certaines personnes souhaiteront continuer leur réhabilitation chez elles. Si cette approche donne des résultats satisfaisants chez les personnes motivées, de nombreux patients ont besoin d'une motivation individualisée qu'ils ne trouveront qu'en salle ou à l'hôpital.
Proposée dans les 72 h suivant une exacerbation
Actuellement la réhabilitation respiratoire hospitalière est proposée sur une durée de 8 semaines à 3 mois. Elle doit bien sûr par la suite être poursuivie à domicile.
Proposée et mise en place dans les 72 h qui suivent une admission à l'hôpital pour une exacerbation de maladie pulmonaire chronique, elle permet de réduire le taux de réadmission à l'hôpital à 3 mois. Elle peut même être proposée, a minima, en péri-exacerbation.
Un bilan cardiaque est toujours nécessaire afin de déterminer l'existence éventuelle de contre-indications.
Les autres approches
Perdre du poids
Chez les personnes en surpoids ou obèses, la perte de poids favorise l'exercice et améliore la réhabilitation. Cette dimension doit être prise en compte avec les nutritionnistes.
La créatine
L'ATS/ERS ne propose pas l'utilisation de la créatine pour accroitre les performances respiratoires.
La testostérone
Chez les hommes qui souffrent de déficit en testostérone, une supplémentation adaptée peut être proposée afin de contribuer à la reprise de la masse musculaire.
Lutter contre la malnutrition
Chez les personnes malnutries, en particulier les femmes, la mise en place d'une supplémentation calorique permet de majorer plus facilement la masse musculaire.