Que faire devant une toux chronique ?
La toux chronique représente jusqu’à 20 % des consultations d’adultes et d’enfants en médecine de ville. Une session de travail sur ce sujet a eu lieu à l’occasion du
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]. En 2015, un ouvrage de référence sur la toux réunissant des pneumologues, des ORL, des gastro-entérologues, des gériatres et des pédiatres sera édité sous l’égide de la SPLF.
|
Pr Alain Didier |
Le
Pr Alain Didier (pneumologue, CHU Toulouse) détaille pour Medscape.fr l’état des lieux sur la prise en charge de la toux chronique en 2014.
Medscape.fr : Quelle est la définition de la toux chronique ? Pr Alain Didier : La toux chronique correspond à une symptomatologie qui dure depuis au moins 8 semaines, et pour laquelle on ne retrouve pas de cause évidente. Souvent, les patients qui sont référés aux pneumologues pour cette symptomatologie ont déjà bénéficié d’examens complémentaires, d’avis divers de spécialistes et de traitements multiples. C’est pour cette raison que la
Société de Pneumologie de Langue Française (SPLF) souhaite développer une approche standardisée de la prise en charge.
En 2014, la première cause directe ou d’entretien d’une toux chronique reste le tabagisme et ses pathologies associées.
Il est important aussi d’interroger le patient sur sa prise de médicaments tussigènes (antihypertenseurs IEC, par exemple) qui sont parfois à l’origine de toux prolongées.
Avant le délai de 8 semaines, il est possible de proposer au patient un traitement symptomatique : hydratation, fluidifiants, antitussifs non sédatifs voir corticoïdes inhalés. Il convient aussi de vérifier que le patient est à même de se drainer seul, c’est à dire d’expectorer ses crachats efficacement.
Les corticoïdes inhalés sont particulièrement indiqués dans les toux prolongées post-infectieuses ou post-inflammatoires en particulier en fin d’hiver dans les suites d’une virose associée à une exposition aux polluants ou au tabagisme.
Medscape.fr : Passé le délai de 8 semaines, quelle est la conduite à tenir en pratique ? Pr Alain Didier : Lorsque la toux se chronicise, le médecin doit apprécier le retentissement réel de la toux : social, physique (asthénie, vomissements, fracture de cotes), impact sur le sommeil et celui du conjoint, incontinence urinaire.
Le médecin doit différentier la toux réelle de l’hemmage au cours duquel le patient se racle la gorge de façon volontaire dans un premier temps puis sous forme d’un tic de comportement par la suite. L’hemmage peut être prise en charge par une rééducation comportementale.
La démarche diagnostique passe ensuite par la réalisation d’une radiographie du thorax à la recherche d’une pathologie infectieuse, inflammatoire ou d’un corps étranger. Cet examen doit être complété par un bilan biologique minimal à la recherche d’un syndrome inflammatoire.
Si tous ces examens sont négatifs, un avis pneumologique spécialisé est nécessaire.
Medscape.fr : Quels examens seront pratiqués par le pneumologue ? Pr Alain Didier : En première intention, le pneumologue réalisera une exploration fonctionnelle respiratoire. Si elle se révèle anormale, on s’orientera vers des pistes étiologiques particulières : DDB, BPCO, asthme…
Généralement, lorsque les explorations fonctionnelles sont dans les limites de la normale, un scanner thoracique est prescrit. Il peut être complété par des examens endoscopiques endobronchiques.
En l’absence de cause décelable, la toux chronique pourra être qualifiée d’idiopathique. Il s’agit en général de patients qui dans les suites d’une pathologie respiratoire présentent une anomalie de leur réflexe tussigène : ils deviennent des tousseurs chronique par auto-entretien. Ces patients répondent en général bien à une prise en charge par rééducation de la toux. Différentes méthodes qui agissent sur l’arc reflexe peuvent être proposées : phoniatrie, chant, relaxation, sophrologie…