COP21 : les pneumologues très mobilisés
À la veille de la conférence sur le climat, les spécialistes français prônent une réglementation stricte pour préserver la santé respiratoire.
Par Anne Jeanblanc
Publié le 26/11/2015 à 12:33 - Modifié le 26/11/2015 à 12:40 | Le Point.fr
"La communauté des pneumologues se mobilise pour demander la réduction des gaz à effet de serre et de la pollution de l'air via une réglementation stricte afin de préserver la santé respiratoire", s'appuyant notamment sur des retours d'expérience positifs, comme en Californie où la politique d'amélioration de la qualité de l'air s'est accompagnée d'une réduction de la mortalité pulmonaire. Un message qui émane à la fois des pneumologues*, des prestataires associatifs de soins à domicile intervenant à leurs côtés** et de la Fédération française des associations et amicales de malades insuffisants ou handicapés respiratoires. Ensemble, ils ont voulu rappeler l'impact de la pollution atmosphérique et du réchauffement climatique, au cœur des discussions de la COP21.
Les polluants atmosphériques, ozone, particules fines et ultrafines, ont des actions oxydantes et inflammatoires, favorisant la survenue de troubles respiratoires et de cancers, soulignent-ils. La pollution de l'air et le réchauffement climatique ont également un effet indirect sur certains allergènes, les pollens et les moisissures. Ils vont donc exacerber les pathologies existantes, dont les maladies respiratoires, avec en particulier une augmentation des crises d'asthme lors des pics de pollution et des allergies respiratoires liées à une saison pollinique plus longue et plus intense, avertissent les spécialistes.
42 000 décès prématurés par an en France
La pollution de l'air est actuellement responsable de plus de trois millions de décès prématurés dans le monde, selon une étude parue dans Nature, près de 7 millions selon l'OMS. Le coût économique des morts et des maladies provoqués par ce problème environnemental a été estimé à 1 600 milliards de dollars en 2010 dans la zone Europe de l'OMS. En France, la pollution de l'air provoque 42 000 décès prématurés par an et exacerbe des pathologies respiratoires, principalement l'asthme, qui coûtent entre 0,9 et 1,8 milliard d'euros par an au système de santé. Selon l'Institut national de veille sanitaire (InVS), l'espérance de vie à 30 ans pourrait augmenter de 3,6 à 7,5 mois si les concentrations annuelles moyennes de certaines particules fines respectaient les normes OMS.
L'InVS avait abordé – une fois encore – le sujet dans le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire consacré en partie à l'évaluation de l'impact sanitaire du réchauffement climatique.
On peut y lire que, depuis 1880, la température moyenne a augmenté de 0,85 °C dans notre pays, avec une tendance à la hausse du nombre d'épisodes de précipitations intenses. Pour la période 2021-2050, les experts prévoient une hausse des températures moyennes comprise entre 0,6 et 1,9 °C, avec un réchauffement plus marqué dans le Sud-Est en été. Ces évolutions pourraient se traduire par des augmentations locales des pics d'ozone et de particules fines. L'un des enjeux de la COP21 est le maintien de l'augmentation de la température à hauteur de + 2 °C par rapport à l'ère préindustrielle. Il est donc vraiment urgent d'agir.