La consommation d’antibiotiques reste élevée
À l’occasion de la journée européenne d’information sur les antibiotiques, le 18 novembre 2016, les dernières données montrent que la consommation ne baisse toujours pas en France. L’apparition de bactéries multi-résistantes aux antibiotiques suscite l’inquiétude.
La France reste le troisième pays le plus consommateur d’antibiotiques en Europe, derrière la Grèce et la Roumanie. Tel est le constat dressé, dans un rapport conjoint par trois agences sanitaires, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire), l'Ansm (Agence nationale de sécurité du médicament) et Santé publique France.
Depuis la découverte des propriétés antibactériennes de la pénicilline, en 1928, la France vit une histoire d’amour chaotique avec les antibiotiques. Les Français en sont très friands : 100 millions de boîtes sont remboursées chaque année. Mais, ils en paient aussi le prix puisque de plus en plus de résistances apparaissent. Chaque année, 12 500 personnes décèdent d’une infection due à une bactérie résistante aux antibiotiques.
En dix ans, entre 2005 et 2015, la consommation d’antibiotiques a augmenté en médecine de ville, passant de 28,9 doses pour 1000 habitants par jour à 29,9 doses. L’amoxicilline est le médicament le plus prescrit.
Dans les cliniques et les hôpitaux, cette consommation reste en revanche stable. Sans surprise, ce sont les services de maladies infectieuses et la réanimation qui en utilisent le plus.
Certaines régions ont davantage recours aux antibiotiques, en particulier dans la moitié nord de la France.
Sur le front des résistances, les nouvelles sont mitigées. La proportion de staphylocoques dorés résistants à la méticilline (Sarm) semble stabilisée en médecine de ville, et baisse dans les établissements de santé. Les pneumocoques résistants à la pénicilline et aux macrolides sont en baisse. En revanche, les souches d’escherichia coli résistantes aux céphalosporines augmentent aussi bien en ville qu’à l’hôpital. Rappelons que ces bactéries sont souvent impliquées dans les infections urinaires.
Plus grave, certaines bactéries deviennent hautement résistantes aux traitements existants. Selon les dispositifs de surveillance, le nombre de cas est en augmentation depuis 2011. Fin 2015, plus de 4000 patients avaient ainsi été signalés.
Pour enrayer ce phénomène, le gouvernement a annoncé, le 17 novembre, le déblocage de 330 millions d’euros sur cinq ans. Cette somme va servir à financer des opérations de communication sur le bon usage des antibiotiques, la formation des professionnels de santé, des travaux de recherche sur l’antibiorésistance et la surveillance de son expansion.