BPCO : attention aux mycobactéries atypiques !
Jan 3, 2018 / par Estelle B.
Plus de 3 millions de personnes seraient atteintes de Broncho Pneumopathie Chronique Obstructive (BPCO) en France. Ces personnes ont un risque accru de développer certaines infections respiratoires, par exemple dues à des mycobactéries atypiques. Rares, ces infections nécessitent néanmoins d’être rapidement diagnostiquées et bien prises en charge, pour minimiser leurs conséquences sur les patients.
mycobactéries atypiques
Les mycobactéries atypiques
La classe des mycobactéries regroupe notamment une bactérie bien connue, le bacille de Koch, responsable de la tuberculose. Mais d’autres mycobactéries, appelées les mycobactéries non tuberculeuses ou mycobactéries atypiques, sont rarement pathogènes chez les personnes en bonne santé.
Ces mycobactéries atypiques sont très nombreuses (plus de 120 espèces connues) et peuvent entraîner différents symptômes :
Respiratoires ;
Cutanés ;
Génito-urinaires ;
Ganglionnaires ;
Ostéo-articulaires.
Parmi ces infections à mycobactéries atypiques, entre 70 et 90 % sont des infections pulmonaires, qui se développent rarement sur des poumons sains. Elles se retrouvent généralement chez des patients atteints de maladies pulmonaires, notamment :
Une pneumoconiose (ensemble de maladies pulmonaires liées l’inhalation et à la fixation sur les poumons de particules solides comme l’amiante);
Des séquelles de tuberculose;
Une Broncho Pneumopathie Chronique Obstructive (BPCO);
Une bronchectasie ou dilatation des bronches (destruction progressive des parois des bronches).
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La BPCO : un facteur de risque
La fréquence de telles infections par des mycobactéries atypiques était jusque-là faible en France, avec une incidence annuelle de 0,72 cas pour 100 000 habitants, par rapport aux USA où ce chiffre est multiplié par 8.
Ces bactéries se transmettent par ingestion ou inhalation et touchent principalement les personnes atteintes de BPCO, d’asthme et d’emphysème. Ainsi, le risque d’infection par une mycobactérie atypique est multiplié par 16,2 chez les personnes souffrant d’une pathologie pulmonaire chronique (15,7 pour les patients atteints spécifiquement de BPCO), par rapport au reste de la population.
La fréquence de telles infections reste faible, mais elle tend à augmenter au cours des dernières années. Les pneumologues se retrouvent ainsi de plus en plus souvent confrontés à ces bactéries dans leur pratique. Le diagnostic de ces infections repose sur un ensemble de critères :
Cliniques (les symptômes);
Microbiologiques (la mise en évidence de la bactérie);
Radiologiques (l’aspect radiologique du poumon infecté).
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Des corticoïdes et des antibiotiques avec prudence
Chez les personnes atteintes de BPCO, l’infection par des mycobactéries atypiques est responsable d’une altération accélérée de la fonction respiratoire et d’une augmentation de la fréquence des exacerbations (aggravations).
Les rares études menées sur ces infections chez les patients atteints de BPCO semblent indiquer que le risque d’une telle infection serait fortement augmenté chez les personnes traitées (antérieurement ou actuellement) par des corticoïdes inhalés, avec un effet proportionnel à la dose de corticoïde prescrite. Ces résultats soulignent l’importance du respect strict des recommandations sur la prescription des corticoïdes chez ces patients.
Les infections par des mycobactéries atypiques sont traitées par une association de plusieurs antibiotiques, pour minimiser le développement d’une résistance bactérienne. Le développement d’une résistance à certains antibiotiques est important, puisque certains patients atteints de BPCO sont traités au long cours par des macrolides (une classe d’antibiotiques) à visée anti-inflammatoire.
Les infections à mycobactéries atypiques doivent interpeler médecins et pneumologues, d’une part chez les sujets en bonne santé, pour rechercher une pathologie pulmonaire sous-jacente, et d’autre part chez les patients atteints de BPCO, pour limiter l’altération des fonctions respiratoires et la fréquence des exacerbations.