Le CoVid-19 va-t-il devenir une maladie saisonnière ?
Epidémie de coronavirus
Un épidémiologiste de l’université de Harvard a déclaré que 40 à 70% de la population adulte mondiale pourrait être infectée par le nouveau coronavirus au cours de l’année à venir, les cas asymptomatiques étant susceptibles de se multiplier, rendant ainsi l’épidémie difficilement maîtrisable. Le risque ? Que le CoVid-19 devienne une maladie saisonnière à part entière.
Le CoVid-19 va-t-il devenir une maladie saisonnière ?
Sommaire
La menace des formes légères et asymptomatiques
Une théorie qui reste à prouver
Alors que la propagation du nouveau coronavirus baptisé SARS-CoV2, à l’origine d’une forme de pneumonie plus ou moins grave dénommée CoVid-19, s’accélère, les théories vont bon train. Dernièrement, c’est celle d’un certain Marc Lipsitch qui a déclenché une vague de panique : dans des interviews accordées au Wall Street Journal, à The Atlantic et au Harvard Magazine, cet épidémiologiste de l’université de Harvard aux Etats-Unis a déclaré que 40 à 70% de la population adulte mondiale pourrait être contaminée par le coronavirus au cours de l’année à venir.
Le 24 février, il explique à The Atlantic que “l’issue la plus probable” pour cette épidémie, qui a déjà touché plus de 82 000 personnes et entraîné plus de 2800 décès, est qu’elle “finira par ne plus être maîtrisable”. A tel point qu’elle pourrait devenir une maladie saisonnière à part entière, au même titre que la grippe. Mais comment est-ce possible et doit-on céder à la panique ?
La menace des formes légères et asymptomatiques
D’abord, Marc Lipsitch tient à préciser qu’être infecté ne signifie pas développer une forme sévère de la maladie, ni même la développer tout court : “Il est probable que de nombreuses personnes puissent avoir des symptômes légers, ou qu’elles puissent être asymptomatiques”, explique-t-il, comme c’est le cas pour la grippe, qui n’entraîne aucun symptôme dans 14% des cas et qui n’est véritablement dangereuse que pour les personnes fragiles.
Sauf que ce sont justement ces formes légères ou asymptomatiques qui peuvent être problématiques. Plus difficiles à détecter, elles peuvent contribuer à une plus grande dissémination du virus, la prise en charge des personnes infectées pouvant être retardée. Une récente étude chinoise a montré qu’un patient, pourtant porteur du coronavirus, avait des résultats de scanner thoracique normaux. Les chercheurs ont conclu en expliquant que si d’autres observations similaires peuvent être faites, “la prévention de l’infection au coronavirus pourrait se révéler difficile”.
Lui et d’autres épidémiologistes pensent ainsi que certaines personnes pourraient rester porteuses asymptomatiques et contaminer chaque année d’autres individus lors de la saison froide, les infections virales respiratoires étant particulièrement fréquentes en hiver.
Une théorie qui reste à prouver
Néanmoins, certains ont trouvé des failles dans la théorie de Marc Lipsitch. Interviewé par le site Atlantico, Stéphane Gayet, médecin des hôpitaux au CHU de Strasbourg, explique : “Les personnes malades diffusent leur virus essentiellement par la toux et les éternuements. Dans le cas d’un individu qui serait atteint de façon asymptomatique, donc d’un sujet qui ne tousserait pas, la dissémination ne pourrait s’effectuer que par la parole ; or, la puissance et la portée des aérosols émis par la parole sont bien plus faibles qu’avec la toux. Cela signifie qu’en l’absence de toux, il faille une étroite proximité, donc une très courte distance entre individus. Et il faut encore ajouter que l’intensité de la production de particules virales est liée à l’intensité de l’infection : plus on est malade et plus on est contagieux.”
Toujours est-il que sur son compte Twitter, l’épidémiologiste soutient que "la plupart des choses que nous pouvons faire pour ralentir la propagation du virus - isolement, mise en quarantaine, distanciation sociale, annulation des rassemblements publics, traitements antiviraux - ne peuvent être que temporaire. [...] Les vaccins, s'ils deviennent disponibles, pourraient constituer une solution à long terme". Plusieurs laboratoires à travers le monde sont déjà sur le coup.
Ecrit par:
Morgane Garnier
Journaliste