Mise au point sur le bon usage des médicaments en cas de vague de chaleur
LES MESSAGES CLES
1. Les principales populations vulnérables en situation de forte chaleur sont les personnes âgées, les
nourrissons et les enfants, les personnes atteintes d’une pathologie chronique nécessitant un
traitement médicamenteux et les personnes dépendantes. L’isolement social accroît encore leur
fragilité.
La personne âgée est particulièrement vulnérable en raison d’une altération de sa capacité à
ressentir la soif, d’un moindre contrôle de l’homéostasie du métabolisme hydrosodé et d’une
diminution de ses capacités de thermorégulation par la transpiration.
2. En cas de vague de chaleur certains médicaments sont susceptibles d’aggraver un syndrome
d’épuisement-déshydratation ou un coup de chaleur, ce sont principalement :
- les médicaments provoquant des troubles de l’hydratation et/ou des troubles électrolytiques,
- les médicaments susceptibles d’altérer la fonction rénale,
- les médicaments dont le profil cinétique peut être affecté par la déshydratation,
- les médicaments pouvant perturber la thermorégulation centrale ou périphérique.
Les médicaments pouvant induire une hyperthermie et les médicaments pouvant indirectement
aggraver les effets de la chaleur doivent également être pris en considération dans l’analyse des
facteurs de risque chez les sujets susceptibles d’une moindre adaptation à la chaleur (voir tableau
détaillé page 6).
3. L’adaptation d’un traitement médicamenteux en cours doit être considérée au cas par cas. En aucun
cas il n’est justifié d’envisager d’emblée et systématiquement une diminution ou un arrêt des
médicaments pouvant interagir avec l’adaptation de l’organisme à la chaleur.
4. Avant de prendre toute décision thérapeutique, il est nécessaire de procéder à une évaluation
complète de l’état d’hydratation (évaluation clinique, évaluation des apports hydriques, mesure du
poids, de la fréquence cardiaque, de la tension artérielle, et bilan ionogramme complet avec
créatininémie et évaluation de la clairance de la créatinine). En cas de persistance de la vague de
chaleur, l’état d’hydratation devra être régulièrement contrôlé.
5. Il est recommandé aux professionnels de santé de :
a. dresser la liste des médicaments, sur prescription ou en automédication, pris par le patient, et
identifier ceux qui pourraient altérer l’adaptation de l’organisme à la chaleur (voir tableau détaillé
page 6) ;
b. réévaluer l’intérêt de chacun des médicaments et supprimer tout médicament qui apparaît soit
inadapté, soit non indispensable ; en particulier faire très attention chez le sujet âgé à
l’association de médicaments néphrotoxiques ;
c. éviter la prescription d’anti-inflammatoires non stéroïdiens, particulièrement néphrotoxiques en
cas de déshydratation ;
d. en cas de fièvre, éviter aussi la prescription de paracétamol en raison de son inefficacité pour
traiter le coup de chaleur et d’une possible aggravation de l’atteinte hépatique souvent présente ;
e. en cas de prescription de diurétique, vérifier que les apports hydriques et sodés sont adaptés ;
f. recommander au patient de ne prendre aucun médicament sans avis médical, y compris les
médicaments délivrés sans ordonnance