BPCO, DYSPNEE ET REHABILITATION RESPIRATOIRE :
Ce qu’il faut retenir !
1. La dyspnée représente la principale plainte des patients BPCO. Elle n’est pas corrélée au degré
d’obstruction bronchique mesurée par le VEMS. Elle est plus étroitement liée à la limitation des débits
expiratoires, l’hyperinflation dynamique et l’atteinte musculaire secondaire au déconditionnement.
2. La BPCO peut se définir selon les trois niveaux d’évolution de la maladie chronique décrits par l’OMS:
- la déficience : liée à l’inflammation et l’obstruction bronchique. Elle peut être évaluée par les
explorations fonctionnelles respiratoires
- l’incapacité : dyspnée, fatigabilité, atteinte musculaire périphérique. Elle peut être évaluée par
l’épreuve d’exercice avec mesure des échanges gazeux (VO2) et le test de marche
- le handicap : représente la morbidité et la mortalité liée à la BPCO. Peut être évalué par les
questionnaires de qualité de vie.
3. La réhabilitation respiratoire peut être définie comme un programme multidisciplinaire destiné à des
maladies respiratoires chroniques, qui doit être adapté à chaque individu, pour optimiser les capacités
physiques, psychologiques, éducatives, l'insertion sociale et améliorer l'autonomie.
4. Bilan initial
Avant tout programme de réhabilitation respiratoire, le patient BPCO doit avoir :
- Une exploration fonctionnelle comportant au minimum une spirométrie, une gazométrie (repos
et/ou effort) et une mesure du VR et la CPT
- Un test de marche de 6 minutes
- Une épreuve d'effort cardio-respiratoire avec mesure de la VO2 max, évaluation de la tolérance
à l'effort avec mesure des constantes ventilatoires et mesure de la dyspnée par échelles visuelles
analogiques (E.V.A.). Elle permet de mettre en évidence le déconditionnement et
de déterminer
le seuil ventilatoire (seuil de dyspnée)
- Une évaluation de la qualité de vie peut être effectuée par différents questionnaires validés
(questionnaire de Saint Georges, SF36, CRQ). A défaut, un certain nombre d'items devront être
évalué par E.V.A. : anxiété, dyspnée de repos, dyspnée d'effort
- Un bilan nutritionnel : masse corporelle, inpédancemétrie
- Un bilan éducationnel.
5. La réhabilitation respiratoire comprend :
- Le réentraînement à l'exercice qui comporte un travail personnalisé en endurance (cycloergomètre,
, marche en extérieur, éventuellement piscine), habituellement avec
une fréquence cardiaque cible correspondant à celle du seuil ventilatoire déterminé par l’épreuve
d’effort initiale
- La gymnastique générale (activité physique adaptée : équilibre, coordination, proprioception,
relaxation)
La maîtrise du souffle par la kinésithérapie respiratoire (ventilation dirigée)
et par les techniques de simplification du travail et d'épargne d'énergie
- L'éducation ou enseignement thérapeutique
- L'aide au sevrage tabagique
- La prise en charge nutritionnelle
- La prise en charge psychosociale et/ou comportementale. Elle peut être individuelle ou
collective (groupes de parole). Elle a pour objectif une meilleure gestion du handicap, une
amélioration de l'image corporelle, la préparation à la sortie (travail avec la famille), une prise en
charge des syndromes anxio-dépressifs éventuels, un soutien au sevrage tabagique
- L'optimisation du traitement médicamenteux, de l'oxygénothérapie et des appareillages éventuels.
6. Protocole
Un stage initial de réhabilitation respiratoire dure entre 3 et 6 semaines
Il peut être réalisé soit en centre spécialisé (pluridisciplinarité, prise en charge des pathologies associées),
en ambulatoire ou à domicile.
7. Evaluation
Tout programme doit être évalué par :
• Test de marche de 6 minutes et/ou épreuve d'effort maximale avec VO2.
• Cahier de réhabilitation donné au patient, comportant des prescriptions d'activités physiques à
poursuivre au domicile.
• Eventuellement : évaluation par E.V.A. de la dyspnée, évaluation de fin de séjour (physiologique,
biologique, psychologique, éducatif…).
8. Résultats d’un programme de réhabilitation (Recommandations SPLF 2003)
• La réhabilitation respiratoire est un élément majeur de la prise en charge des malades atteints de BPCO,
dyspnéiques et intolérants à l’effort. Elle améliore la qualité de vie (Grade A).
• La réhabilitation est organisée en programmes multidisciplinaires, proposés à des sujets motivés, à
l’optimum de leur traitement pharmacologique (Grade C).
• Le réentraînement des membres inférieurs est un volet indispensable de ces programmes (Grade A). Les
contenus médicaux et psychosociaux des programmes doivent être individualisés (Grade A).Il est recommandé de réaliser, avant la mise en oeuvre d’un programme de réhabilitation, une épreuve
d’effort maximale à charge croissante (Grade A).
• La réhabilitation est efficace quel que soit son lieu de réalisation, en institution, en ambulatoire, ou au
domicile du malade (Grade A).
• Il n’est pas recommandé de prescrire plus d’un programme médicalisé par an ; la poursuite de l’entraînement
à domicile doit être privilégiée (Grade B).
9. Suivi à long terme
Les bénéfices de la réhabilitation ne sont maintenus que si le patient modifie son mode de vie et prend
la décision de mener une vie moins sédentaire. La poursuite d’activités physiques régulières, du sevrage
tabagique, d’une amélioration de l’hygiène de vie s’imposent.
10. Avenir
• Meilleur dépistage de la BPCO (à des stades plus précoces).
• Prise en compte systématique des répercussions fonctionnelles respiratoires et musculaires
(déconditionnement).
• Développement de la pratique de l’épreuve d’effort dans l’évaluation de la dyspnée
Développement des centres capables de prendre en charge ces patients