Cancer : quand le traitement s'adapte à chaque malade
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Les thérapies ciblées s'imposent maintenant dans le cancer du poumon.
Les malades du cancer ne le savent pas toujours, mais leur tumeur a un profil génétique singulier qui peut, lorsque certaines mutations y sont décelées, donner lieu à une thérapie plus spécifique que les chimiothérapies classiques. Initiée ces dernières années, cette «médecine de précision» est déjà proposée en France à des patients souffrant de
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Et cette approche thérapeutique n'en est sans doute qu'à ses débuts. Une série d'études présentées au gigantesque congrès annuel de l'American Society of Clinical Oncology (Asco), qui a réuni 35.000 personnes à Chicago, accréditent l'idée que les thérapies ciblées vont prendre une place de plus en plus importante aux côtés, voire en remplacement, des traitements de référence. «On sait maintenant qu'il n'y aura pas un unique remède miracle contre le cancer, mais des dizaines de médicaments qui vont être bénéfiques à des petits groupes de patients. À nous de savoir les utiliser», analyse le Pr Agnès Buzyn, présidente de l'
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Les thérapies ciblées ont ainsi récemment bouleversé la prise en charge du cancer du poumon, une tumeur au pronostic sombre qui est diagnostiquée chez 40.000 Français chaque année. On en connaît aujourd'hui une dizaine de mutations génétiques. Deux d'entre elles, qui se rencontrent chez 14 % des patients, répondent à des médicaments spécifiques ayant une autorisation de mise sur le marché. «Chez les malades concernés, principalement des anciens ou des non-fumeurs, les traitements font gagner près d'un an supplémentaire de contrôle de la maladie, alors qu'ils n'ont qu'un effet marginal sur les autres tumeurs», souligne le Dr Benjamin Besse, oncologue. La France est l'un des rares pays au monde qui pratique cette recherche de manière systématique, dans ses 28 plates-formes de génétique moléculaire implantées sur le territoire.
Augmenter de manière plus conséquente l'espérance de vie
Or une troisième mutation dans le cancer bronchique pourrait bientôt répondre à une nouvelle thérapie ciblée. Le Dr David Planchard, cancérologue à l'Institut Gustave-Roussy, a en effet présenté à l'Asco les résultats préliminaires d'une étude qui montre l'efficacité d'un médicament sur la mutation du gène Braf (qui concerne 1,6 % des tumeurs). À l'appui de sa démonstration, l'oncologue a notamment montré à ses confrères les scanners thoraciques de deux patients, dont le cancer a régressé de manière spectaculaire après quelques semaines de traitement.
Cependant, une partie seulement des malades porteurs de la mutation répond à la thérapie ciblée. Par ailleurs, la tumeur finit toujours par trouver une voie de contournement et résister au médicament. Il n'empêche, les cancérologues voient dans ces quelques mois de vie gagnés une chance de découvrir de nouveaux traitements qui prendront le relais des premiers pour augmenter de manière plus conséquente l'espérance de vie.
«Sans cette médecine personnalisée, des médicaments efficaces sur certains patients auraient été jetés à la poubelle car ils n'avaient pas d'effet sur le plus grand nombre», souligne le Dr Hollebecque. Or ces traitements ont aussi des effets secondaires (nausées, diarrhée, fatigue, etc.) pouvant altérer la qualité de vie des malades. D'où l'importance de les administrer aux seules personnes qui en bénéficieront.
Deux autres recherches françaises menées par l'Institut Gustave-Roussy ont été remarquées par la communauté scientifique à l'Asco. À les lire, on imagine qu'un grand nombre de malades pourrait à l'avenir bénéficier de la «médecine de précision». Dans ces travaux, les cancérologues utilisent les techniques d'analyse à haut débit pour obtenir un portrait moléculaire complet de la tumeur, et non se focaliser sur une mutation précise. À l'issue ce balayage large, près de la moitié des patients inclus s'avèrent présenter des tumeurs avec mutations ou anomalies génétiques susceptibles de recevoir un traitement spécifique. Dans l'essai Moscato, les malades sont atteints de cancers avancés et réfractaires aux traitements standards. Une large variété de tumeurs est concernée. L'essai Safir, lui, inclut des femmes souffrant de cancers du sein, dont le tissu métastatique est analysé.
Ces premiers résultats laissent penser que la médecine de précision pourra un jour être pratiquée «en routine». À condition de pouvoir proposer des traitements ciblés efficaces, ce qui n'est souvent pas encore le cas. «La recherche de traitement avance aussi à grande vitesse: plus d'un millier de molécules sont aujourd'hui en développement», souligne toutefois Agnès Buzyn (Inca), qui incite les patients à participer aux essais cliniques car «leurs chances d'en bénéficier sont loin d'être négligeables».
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