Pouvoir respirer : une liberté retrouvée
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Lundi 16 septembre 2013 12:49:35 HAE
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Après avoir attendu de nouveaux poumons pendant deux ans et demi, l’Asbestrienne Sylvie Toutant-Vigneux peut, depuis la mi-mai dernier, respirer de nouveau par elle-même. Cette action, que la plupart d’entre nous effectuons sans même y penser, a pour elle une signification toute particulière. « Ça me permet de vivre, et de voir grandir mes petits-enfants, Ézékiel et Vitally. C’est un cadeau inestimable, et il n’y a pas de mot pour le décrire », affirme-t-elle.Madame Toutant-Vigneux a toujours eu une santé fragile, mais c’est il y a cinq ans qu’on lui a diagnostiqué une grave maladie pulmonaire. À partir de mai 2010, elle a dû commencer à avoir recours à l’oxygène et ce, à temps plein et c’est en décembre de la même année qu’elle a officiellement été inscrite sur la liste des personnes en attente d’une greffe de poumon. « À ce moment, j’étais la 51e au Québec à attendre pour ce genre de greffe. L’attente, c’est ce que j’ai trouvé de plus difficile. De ne jamais savoir quand cet appel arrivera et surtout de se demander si on aura le temps de recevoir la greffe avant que notre maladie s’aggrave et nous emporte », affirme-t-elle avec émotion.
L’appel tant attendu
À la mi-mai, alors qu’elle était tranquille à la maison, vers 18 h, le téléphone a sonné. À l’autre bout, le Dr Ferraro lui annonçait que des poumons l’attendaient. Il ne lui restait plus qu’à appeler l’ambulance qui la conduirait directement à l’hôpital Notre-Dame de Montréal. « J’ai appelé mon conjoint, ma fille et ma meilleure amie, qui tenait à venir me voir avant mon départ. Il y avait beaucoup d’émotion dans l’air. Je restais positive, mais je me disais que ça y était : ça passait ou ça cassait », dit-elle.
Avec tout ce qui lui passait par la tête au moment de son départ en ambulance, elle ne conserve aucun souvenir du trajet jusqu'à l’hôpital.
La chirurgie qui lui a permis d’avoir ses nouveaux poumons a duré de nombreuses heures, elle ne sait pas exactement. « J’ai repris conscience une semaine plus tard, mais puisque j’avais de la difficulté à faire sortir les sécrétions, ils m’ont gardé dans les nuages plus longtemps. Ils ont finalement décidé de me faire une trachéotomie, et à partir de là, j’ai repris connaissance. Quand j’ai réalisé que je n’avais pas de tube à oxygène, je me suis dit que mes nouveaux poumons fonctionnaient bien. Après deux semaines, ils m’ont fait recommencer à marcher », raconte-t-elle.
À partir du moment où elle a su qu’elle allait avoir une greffe, elle a pris sa condition physique au sérieux. Elle faisait jusqu’à trois heures de marche par jour, du tapis roulant, du vélo et des altères. « Je voulais être en forme le plus possible lors de la greffe. Et une chance que j’ai fait ça. Je suis certaine que ça m’a beaucoup aidée à retrouver mon tonus musculaire après la greffe », affirme-t-elle.
À sa sortie des soins intensifs, elle est allée en réhabilitation, pour retrouver sa force musculaire. Par la suite, elle a complété son séjour à Montréal à la Maison des greffés les deux dernières semaines. « Il fallait que je sois capable de monter 13 marches pour pouvoir sortir. J’ai travaillé fort pour y arriver rapidement. Je devais sortir vers la fin-août, et finalement, dès le début juillet, j’ai pu revenir à Asbestos. C’était sept semaines seulement après ma greffe. »
Consciente qu’elle doit respecter ses limites, Sylvie Toutant-Vigneux va très bien, « même si j’ai encore parfois les jambes molles. Il faut que je me donne le temps. »
À travers cette épreuve de la vie, elle s’est bien souvent sentie soutenue par les gens de la communauté, notamment par les membres du Cercle de Fermières Asbestos. « Je voudrais remercier toutes les personnes qui ont croisé mon chemin, certaines sans vraiment me connaître. Plusieurs m’ont soutenue en me faisant rire, en m’agaçant gentiment, en me disant de gentilles paroles ou encore en priant pour moi. J’ai apprécié vos gestes d’encouragement. Vous avez été très gentils de me soutenir de la sorte. »
Si elle a constaté que plusieurs ont adouci ses journées, elle s’est aussi sentie traitée injustement par certaines personnes. « Quand on voit une personne malade, prendre quelques minutes de votre temps pour l’aider, ça ne fait pas de mal », affirme-t-elle. Elle se souvient d’une fois où en se rendant faire des courses, son foulard s’était enroulé dans une roulette de sa bonbonne d’oxygène. Ne pouvant se pencher pour régler le problème, elle ne savait pas trop quoi faire. Les quelques personnes témoins de la situation n’ont pas bougé pour l’aider. « C’est finalement la caissière qui était venue m’aider. »
Pendant les longs mois d’attente, Mme Toutant-Vigneux a appris à vivre un jour à la fois. Maintenant qu’elle respire comme tout le monde, elle a choisi de continuer de vivre avec cette façon de voir la vie. « J’aime bien y aller un jour à la fois. Quand on me demande ce que je vais faire le lendemain, je dis toujours que je ne sais pas. Ça me donne un sentiment de liberté que j’aime beaucoup. »
Par ce témoignage, elle souhaite donner espoir à toutes les personnes en attente d’une greffe. « Il faut toujours garder confiance, même lors des journées plus difficiles. »
Elle conclut en invitant les gens à signer l’endos de leur carte d’assurance-maladie pour le don d’organes. « Par ce geste, la vie continue. Un donneur peut permettre à plusieurs personnes de retrouver la santé. »