Greffe d'organes : des objectifs atteints mais insuffisants
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Cécile Thibert - le 16/02/2016
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Les objectifs fixés par le ministère de la Santé ont été dépassés avec un an d'avance mais les besoins de plus de 15 000 personnes n'ont pas pu être satisfaits en 2015.
L'année dernière, 5 746 personnes ont bénéficié d'une
greffe, soit 400 de plus qu'en 2014. Ces chiffres, rendus publics ce mardi 16 février par
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greffe lancé en 2012, qui visait les 5 700 greffes annuelles d'ici à la fin 2016. Au total, le nombre de personnes porteuses d'un greffon en 2015 s'élève à 54 659, un chiffre en forte augmentation (+35%) depuis 2006.
Largement en tête des organes les plus demandés, le rein, avec 3 486 greffes en 2015, soit 8% de plus que l'année passée. Il est suivi par les greffes de foie (1 355), en progression de près de 6%, de cœur (471) et de poumons (345). À l'instar de la
greffe d'organes, la
greffe de tissus est également de plus en plus pratiquée. Ainsi, le prélèvement de cornées -le «hublot» de l'œil qui laisse passer les rayons lumineux-, est passé de 10 751 en 2014 à 11 360 l'année dernière.
Dans son rapport, l'Agence salue «l'efficience du système français par rapport à d'autres pays qui prélèvent avant de savoir ce qu'il adviendra du greffon». Ainsi, 91% des organes prélevés ont trouvé preneur en 2015. Malgré ce succès, le nombre de greffes demeure insuffisant et la longue liste d'attente continue de s'allonger. Alors qu'elles étaient 8 733 en 1997, les personnes en attente d'une
greffe sont 21 378 aujourd'hui.
Des pistes contre la pénurie
Pour pallier ce manque, la loi de modernisation de notre système de santé (ou loi «Touraine»), promulguée le 26 janvier dernier, renforce le consentement présumé, principe qui existait déjà dans la loi bioéthique du 6 août 2004.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] de cette nouvelle loi, qui entrera en vigueur au plus tard le 17 janvier 2017, prévoit que «le prélèvement peut être pratiqué sur une personne majeure dès lors qu'elle n'a pas fait connaître, de son vivant, son refus d'un tel prélèvement, principalement par l'inscription sur un registre national automatisé prévu à cet effet». Le texte place le dialogue avec les proches comme préalable obligatoire à un éventuel prélèvement. En France, un tiers de la population est opposé au don de ses organes.
En parallèle, l'Agence de la biomédecine encourage depuis quelques années le prélèvement de reins sur donneurs vivants. Cette pratique, qui représente désormais 15,7% des greffes rénales, poursuit sa progression avec 547 donneurs vivants prélevés d'un rein l'an dernier, contre 514 en 2014, et 302 en 2011. Les donneurs sont, pour la plupart, des membres de la famille ou de l'entourage du malade. Par ailleurs, 24 greffes de foie partielles ont également été réalisées grâce à des donneurs vivants l'an dernier (contre 12 en 2014).
Innovations
Peu à peu, les possibilités de
greffe s'élargissent et offrent de nouvelles perspectives de guérison aux malades. Ainsi en 2015, le CHU de Limoges a reçu la première autorisation d'essai clinique de
greffe d'utérus, qui devrait permettre à des femmes nées sans utérus ou ayant subi son ablation de pouvoir donner naissance. Des programmes de recherche clinique concernant la
greffe de larynx et le temps de conservation des greffons hépatiques et pulmonaires ont également été lancés.
Sur les 24 147 personnes ayant bénéficié d'une
greffe entre 1993 et 2005, la plupart (90,4%) étaient encore en vie un an après l'opération, et près des deux tiers (62,5%) des greffons étaient toujours fonctionnels 10 ans après l'opération. Selon l'Agence de la biomédecine, «la
greffe reste la meilleure thérapeutique pour rétablir la fonction des organes».