Dépistage et suivi des apnées du sommeil par le pacemaker
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]6 novembre 2013
Paris, France - Sachant que les apnées du sommeil sont un important facteur de co-morbidité cardiovasculaire et que les porteurs de pacemakers (PM) sont très souvent des apnéistes, l'idée d'utiliser le pacemaker pour détecter les apnées du sommeil semble une évidence. Le groupe Sorin vient en effet de lancer une gamme de pacemakers (REPLY 200) avec une fonction de détection/suivi du syndrome d'apnée du sommeil (SAS).
« Cette fonction fait appel à une technologie que nous connaissons bien puisque c'est celle qui est utilisée pour l'asservissement de fréquence des PM. Elle mesure la fréquence respiratoire via l'impédance trans-thoracique » explique le
Dr Pascal Defaye (CHU Grenoble) à Medscape France.
La fiabilité de l'algorithme de détection du REPLY 200 a été testée dans l'essai
DREAM, présenté au congrès européen de rythmologie en juin dernier (EHRA 2013, Athènes). Trente-six patients non sélectionnés avec une indication de PM ont été inclus dans 5 centres en France et en Espagne. Entre un et deux mois après l'implantation, tous ont eu une polysomnographie (gold standard du diagnostic) dont les résultats ont été comparés à ceux des données du PM recueillies lors de la même nuit.
La sensibilité et la spécificité de l'algorithme SAM (sleeep apnea monitoring) du PM étaient respectivement de 89% et 85%. L'index de troubles respiratoires (RDI), détecté et calculé par le PM est assez proche de l'indice d'apnées/hypopnées mesuré en polysomnographie.
Dans DREAM, 56% des patients (20/36) avait un SAS sévère (indice d'apnée/hypopnée ou IAH > 30/h), ce qui confirme la forte prévalence des apnées chez les insuffisants cardiaques.
« Le pacemaker permet dans un premier temps de dépister les patients avec un SAS sévère. C'est un outil simple, sans coût supplémentaire et qui parait fiable puisqu'il permet de détecter 9 patients sur 10 atteints de SAS sévère » commente le Dr Defaye.
Le PM ne fait pas le diagnostic étiologique des apnées qui, lui, fait appel à la polysomnographie ou à la polygraphie respiratoire (ambulatoire) mais sachant que 80% des apnées du sommeil ne sont pas diagnostiquées, la marge de progression est importante.
« Chez l'insuffisant cardiaque porteur de PM, ces apnées sont majoritairement d'origine centrale (arrêt de la commande, pas d'effort inspiratoire) », précise le
Pr Pierre Escourru, cardio-pneumologue (CHU Béclère et Bicêtre). Dans ce cas, le traitement ne fait pas appel à la CPAP (pression continue positive) comme pour les apnées obstructives mais à un autre type de ventilation (VNDP).
Apnées et risque cardiovasculaire
L'apnée du sommeil se définit par un arrêt ou une diminution du débit respiratoire de plus de 10 secondes se répétant plus de 5 fois par heure durant le sommeil. Les épisodes d'asphyxies répétitives avec hypoxémie/hypercapnie provoquent une hyper-réactivité sympathique à l'origine du sur risque cardiovasculaire.
Un indice d'apnées hypopnées de 15/heure serait associé à une réduction de l'espérance de vie de 5 ans. Chez les apnéistes porteurs de PM, la prévalence de la FA et de l'insuffisance cardiaque est de 50%, de l'HTA réfractaire de 80%, de l'insuffisance coronaire de 40% et des AVC de 60%.
« Le traitement de ces co-morbidités est très difficile si on ne traite pas les apnées du sommeil », a commenté le Dr Defaye. « Le risque de FA est 4 fois supérieur chez les patients apnéistes. Le SAS augmente l'incidence de la FA et diminue l'efficacité des traitements. Dans le cas des apnées obstructives, on sait aussi qu'il augmente le risque de récidive après traitement. Diagnostiquer et traiter les apnées du sommeil obstructives permet de réduire les événements cardiovasculaires fatals. On sait aussi que le traitement améliore la fonction ventriculaire (FEVG), plusieurs études sont en cours chez l'insuffisant cardiaque ».
Le pacemaker REPLY 200 est sur le marché depuis septembre 2013. Interrogé à l'occasion des visites de suivi, il livre des données sur l'existence et le nombre d'apnées du sommeil durant 6 mois ou 12 mois selon la fréquence des consultations.
Les résultats de DREAM devront être confirmés par l'essai international
RESPIRE (Registry of Sleep Apnea Monitoring and Atrial Fibrillation in Pacemaker Patients).